Sushi, sashimi, carpaccio, tartare, ceviche, sous toutes ses formes, le poisson cru connaît une popularité sans précédent ces dernières années en France. Pourtant, le risque d'anisakidose, cette parasitose due à l'infestation de larves de nématodes de la famille des Anisakidés via la consommation de poisson cru ou mal cuit, est en diminution par rapport à la précédente étude en date de 1985-1985, d'après le dernier « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH).
L'étude dirigée par le Dr Jean Dupuy-Camet, parasitologue à l'hôpital Cochin (AP-HP) révèle néanmoins l'émergence du potentiel allergisant des anisakidés.
L'anisakidose peut se présenter sous forme de douleurs épigastriques aiguës, simulant un ulcère, quelques heures après la consommation de poisson, et provoquées par la fixation d'une larve sur la muqueuse. Mais des douleurs chroniques peuvent survenir, suite à la formation d'un granulome éosinophile autour d'une larve enchâssée dans l'intestin et simulant une tumeur intestinale.
Un diagnostic de certitude difficile
Cette enquête rétrospective menée auprès de l'ensemble des laboratoires hospitalo-universitaires de parasitologie-mycologie de France (35 services) rapporte trente-sept cas d'anisakidose répertoriés sur la période 2010-2014.
Le diagnostic de certitude est posé sur la mise en évidence du ver dans un prélèvement digestif et seulement 6 cas certains ont été établis pour 13 cas possibles (douleurs abdominales après consommation de poisson cru + précipitines anti-Anisakis). L'analyse des données hospitalières du Programme médicalisé des systèmes d'information (PMSI) a identifié 43 patients hospitalisés avec un code d'anisakidose en diagnostic principal ou en diagnostic associé.
L'étude pointe du doigt le phénomène allergique avec 18 cas établis sur des manifestations aiguës d'allergie (choc anaphylactique, œdème de Quincke, urticaire aiguë récidivante ou chronique, asthme, œdème segmentaire de l'intestin pouvant conduire à une occlusion) et la présence d'IgE anti-Anisakis. Six cas supplémentaires d'anisakidose ont été rapportés par le Réseau national d'allergovigilance (RAV) sur la même période.
Traitement assainissant par la congélation
Pour les auteurs, le contraste entre une incidence d'anisakidose à la baisse et une consommation de poisson cru à la hausse s'explique simplement. D'une part, la parasitose est un souci majeur pour les professionnels de la mer, qui contrôlent le poisson dans les ateliers (découpe par les fileyeurs sur table à transillumination et élimination des plus infestés). D'autre part, la mise en place d'une réglementation stricte et très précise interdit la commercialisation du poisson s'il n'a pas été assaini par un traitement de congélation.
Si l'enquête a sans doute sous-estimé le nombre de cas en raison des présentations pauci ou asymptomatiques et de la difficulté du diagnostic, le potentiel allergique des anisakidés se dégage clairement, puisqu'il totalise plus de la moitié des cas d'anisakidose en France. Une tendance similaire est observée à l'étranger. « Cet aspect paraît bien connu en Espagne ou en Italie », notent les auteurs, « (cette cause d'allergie) représentait 10,8 % des causes d'anaphylaxie aux urgences d'un hôpital de Madrid en 2004-2005 ».
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