Dans « The Lancet », l'essai international GWPCARE3 de phase 3 dirigé par le Dr Elizabeth Thiele montre chez 171 patients âgés de 2 à 5 ans dans 24 centres (17 aux États-Unis, 1 au Pays-Bas, 6 en Pologne) que l'ajout de cannabidiol au traitement habituel diminue la fréquence des crises avec chute (« drop seizure »).
Dans l'étude, la définition comprenait les crises (toniques, toniques ou tonico-cloniques) qui ont entraîné ou qui étaient à risque d'entraîner une chute, des blessures, un avachissement dans une chaise ou un traumatisme crânien. Pour être inclus, les patients devaient être pharmacorésistants à au moins deux antiépileptiques et traités par 1 à 4 antiépileptiques, avec au moins 2 crises atoniques/semaine.
Première nouveauté depuis longtemps
« Même dans cette population hautement résistante, des améliorations statistiquement significatives et cliniquement importantes pour la fréquence des crises ont été observées après l'ajout de cannabidiol aux antiépileptiques existants par rapport au placebo », se réjouissent les auteurs.
Dans un éditorial, le Dr Sophia Varadkar de l'hôpital pédiatique Great Ormond Street à Londres dit aussi son enthousiasme : « Après plusieurs années sans promesse de nouveaux traitements dans le syndrome de Lennox-Gastaut, c'est une bonne période pour les patients et les médecins ».
Par rapport aux autres antiépileptiques, le cannabidiol présente une structure unique et présente potentiellement de nouveaux mécanismes d'action multimodaux, expliquent les auteurs.
Des effets secondaires gênants mais non graves
Une dose quotidienne orale de cannabidiol (20 mg/kg) a été suivie au bout de 14 semaines de traitement par une diminution de 43,9 % des crises avec chute (passant d'environ 71,4 crises/mois au début à 31,4/mois à la fin), par rapport à une réduction de 21,8 % dans le groupe témoin (74,7/mois au début pour 56,3/mois à la fin).
Le groupe cannabidiol a vu aussi une réduction plus grande des autres crises, convulsives (tonico-cloniques, toniques, cloniques) et non convulsives (myocloniques, focales, absences). Globalement, la fréquence des autres crises a été réduite de 41,2 % (144,6 crises/mois au début à 83,8/mois à la fin) dans le groupe cannabidiol, par rapport à 13,7 % dans le groupe placebo (176,7/mois au début à 128,7/mois à la fin).
Le cannabidiol testé dans d'autres formes d'épilepsie
Malgré tout, les effets secondaires sont assez fréquents, concernant 62 % du groupe cannabidiol (53/86) par rapport aux 34 % du groupe témoin (29/85). La plupart étaient légers à modérés, à type de diarrhée, de somnolence, de fièvre, d'augmentation d'appétit et de vomissements. Les effets secondaires plus graves étaient rapportés chez 20 patients du groupe cannabidiol, avec une augmentation des enzymes hépatiques. Douze patients ont arrêté prématurément l'étude à cause des effets secondaires, versus un participant dans le groupe témoin.
Dans cette étude, seul un dosage a été testé. « De plus hautes doses pourraient être plus efficaces, estime le Dr Varadkar, tandis que de plus faibles pourraient avoir moins d'effets secondaires, et des doses différentes en fonction des autres antiépileptiques pris de façon concomitante pourraient minimiser les interactions médicamenteuses ». Et même si elle s'est maintenue le long du traitement, l'efficacité nécessite d'être évaluée à plus long terme. Le cannabidiol est actuellement testé dans des essais cliniques dans d'autres formes d'épilepsie, dans la sclérose tubéreuse de Bourneville ou les spasmes infantiles et bientôt dans d'autres formes pharmacorésistantes.
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