Selon une étude parue dans « The Lancet Infectious Diseases », la vaccination BCG protège non seulement contre la tuberculose, mais aussi contre d’autres infections (rhumes, infections thoraciques, cutanées…) lors de la période néonatale. Des résultats encourageants alors que les infections dans les premières semaines de vie sont une cause majeure de décès dans le monde.
« Notre étude est la première à s’intéresser précisément aux effets non spécifiques du BCG sur les épisodes de maladies infectieuses non tuberculeuses avec un suivi clinique étroit des patients. D’autres études se sont penchées sur les effets du BCG en termes de décès ou d’hospitalisations uniquement », indique au « Quotidien » Sarah Prentice (London School of Hygiene and Tropical Medicine), première auteure de l’étude.
Entre le 25 septembre 2014 et le 31 juillet 2015, 560 nourrissons ont été inclus dans cette étude menée en Ouganda. Ils ont été répartis en deux groupes, l’un recevant le vaccin à la naissance, l’autre à l’âge de six semaines. Les jeunes patients ont été suivis pendant 10 semaines par des médecins (intervention en double aveugle).
Sauver des milliers de vies
Les auteurs ont comparé l’incidence des infections non tuberculeuses dans les deux groupes au cours des six premières semaines de vie (avant la vaccination du second groupe) et ont constaté qu’elle était plus faible chez les enfants ayant reçu le vaccin BCG à la naissance (98 présentations versus 129). « Les bébés qui ont été randomisés pour recevoir le BCG à la naissance ont eu 25 % d’épisodes infectieux non liés à la tuberculose en moins que les bébés qui n’avaient pas encore reçu le BCG », commente Sarah Prentice.
De plus, poursuit-elle, « les effets bénéfiques non spécifiques du BCG semblent être particulièrement prononcés dans les populations les plus vulnérables, c’est-à-dire les nourrissons de faible poids à la naissance, et chez les garçons ».
À noter qu’au-delà de six semaines de vie quand tous les enfants sont vaccinés, aucune différence significative n’a été rapportée entre les deux groupes (88 présentations versus 76, HR = 1,10).
Des prélèvements sanguins ont été réalisés dans les deux groupes et ont permis de montrer des modifications du système immunitaire inné chez les enfants vaccinés précocement, ce qui laisse penser que le BCG stimule les défenses immunitaires pour lutter contre toute forme d’infection. Les mécanismes protecteurs en jeu ne sont toutefois pas pleinement élucidés.
« Nos résultats, combinés à des études ouest-africaines qui ont montré une réduction de la mortalité toutes causes confondues chez les nourrissons ayant reçu le BCG à la naissance, suggèrent que le fait de s’assurer que tous les nourrissons reçoivent le BCG à la naissance dans des zones où les taux de maladies infectieuses sont élevés permettrait de réduire considérablement les décès et les maladies liés à une infection, estime Sarah Prentice. En optimisant une intervention bien tolérée et peu coûteuse déjà existante, on pourrait sauver des milliers de vies ».
La vaccination BCG est recommandée dès la naissance dans de nombreux pays. Toutefois, en pratique, elle est souvent retardée en raison de problèmes logistiques, expliquent les auteurs. Ces résultats suggèrent également que le BCG pourrait être aussi protecteur contre le Covid-19. Si cette étude a été menée avant la pandémie, des études sont en cours chez l’adulte pour explorer cette piste.
S. Prentice et al. Lancet Infect Dis, 2021. doi: 10.1016/S1473-3099(20)30653-8.
Guyane : circulation silencieuse du poliovirus, la couverture vaccinale insuffisante
La néphroprotection intrinsèque aux analogues de GLP-1 clarifiée
Choléra dans le monde : moins de cas, plus de décès et pénurie de vaccins, une situation « profondément préoccupante » pour l’OMS
Traitement de la dépendance aux opioïdes : une meilleure observance pour la méthadone