Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH ») de cette semaine présente les données de surveillance de la leptospirose en France, et plus spécifiquement en outre-mer. Cette zoonose est en effet endémique dans la zone intertropicale, le climat chaud et humide lui étant favorable, et l’incidence peut être 50 fois plus élevée en outre-mer qu’en métropole.
Le « BEH » présente ainsi la situation dans les différentes collectivités et régions d’outre-mer, relevant des situations disparates. L’incidence a ainsi été estimée en 2011 à 69 et 61 cas pour 100 000 habitants en Guadeloupe et en Martinique, respectivement. Soit 100 fois plus qu’en métropole. La létalité y est de 3 % en Guadeloupe et nulle en Martinique.
En Guyane française, le nombre de cas a nettement augmenté depuis 2011, sans doute « grâce à la sensibilisation de la communauté médicale », soulignent les auteurs, pour atteindre 67 cas pour 100 000 habitants en 2015.
À La Réunion, où un système de surveillance spécifique a été mis en place en 2004, on y observe depuis 6 cas pour 100 000 habitants (variable selon les années et les communes), avec une létalité de 3 %.
À Mayotte, où les premiers cas n’ont été rapportés qu’au début des années 1980, on comptait 47 cas pour 100 000 habitants entre 2008 et 2015, avec un taux de létalité de 0,9 %. « L’information et la vigilance des personnels de santé sont en partie à l’origine de sa faible létalité », soulignent les auteurs.
Les différents articles du « BEH » indiquent de façon plus générale que la majorité des cas est observée à la saison des pluies ; que la présence d’autres pathologies avec des symptômes cliniques similaires en phase aiguë peut parfois brouiller le diagnostic ; que l’amélioration de l’habitat, de la gestion des eaux usées et des eaux pluviales, de la gestion des déchets et de l’accès à l’eau sont des éléments d’amélioration du contrôle de la maladie ; et qu’un travail de prévention est à mener auprès des professions à risque.
La métropole n’est pas en reste
Les chiffres sont bien inférieurs en métropole puisque l’incidence est d’un cas pour 100 000 habitants en 2014 et 2015. Mais il s’agit de la plus élevée depuis 1920, et la France est l’un des pays industrialisés présentant l’incidence la plus élevée. Les auteurs estiment que la maladie est sous-estimée « du fait de l’absence de symptômes spécifiques et du manque de sensibilisation de la communauté médicale ». Les cas surviennent principalement entre août et septembre, touchant en priorité des hommes fréquentant un environnement rural, pratiquant des loisirs en plein air, ayant des rats comme animal de compagnie, ou ayant voyagé en zone endémique.
Une maladie émergente ?
Si la leptospirose est connue depuis longtemps, il s’agit pour le « BEH » « d’un problème de santé publique émergent », du fait entre autres des changements climatiques (réchauffement, inondations…) et de l’urbanisation massive (avec transmission par l’intermédiaire des rats dans les zones insalubres), amis aussi de certaines activités à risque. Le diagnostic est souvent tardif du fait d’un spectre clinique qui peut faire confondre la leptospirose avec la grippe, le paludisme ou la dengue. Le traitement par antibiotiques (bêtalactamines et cyclines) doit cependant débuter le plus tôt possible. Un vaccin existe aussi, avec un rappel tous les deux ans. « La sensibilisation des professionnels de santé reste donc essentielle », insiste le BEH.
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