Le nombre de césariennes dans le monde a augmenté de façon critique. La profession médicale ne peut par elle-même corriger cette tendance, s’alarme le congrès mondial de gynécologie (FIGO) dans une tribune publiée dans « The Lancet ». La FIGO estime que les instances gouvernementales, les assureurs et les associations féminines doivent désormais s’impliquer dans la lutte.
Ce commentaire est complété d’une étude réalisée à partir des données de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Unicef. En 2000, 12,1 % des accouchements mondiaux se déroulaient par césarienne. Ils étaient plus de 21,1 % en 2015. Si l’Europe de l’Ouest est relativement préservée (passant de 19,6 à 26,9 % en 15 ans), le taux de césariennes en Amérique du Sud et dans les Caraïbes atteint 44,3 % (57 % au Brésil). En Amérique du Nord, la proportion de césariennes est passée de 24,3 % à 32 % en 15 ans. En France, une femme sur cinq accouche aujourd’hui par césarienne, d’après la Haute autorité de santé. Un chiffre stable depuis le début des années 2000.
Césarienne de confort
La césarienne est indiquée en cas de détresse fœtale, d’hémorragie ante-partum, de présentation du fœtus par le siège ou encore d’utérus cicatriciel. Mais force est de constater que les raisons de son recours sont loin d’être uniquement médicales. Dans les pays les plus riches, les césariennes de « confort » sont de plus en plus pratiquées : elles permettent de programmer la date de l’accouchement et d’en réduire la durée. Pour le praticien et l’hôpital, l’acte est aussi facturé plus cher. Les auteurs constatent enfin un lien entre le niveau d’éducation des femmes et leur taux de césarienne : au Brésil, 54,4 % des naissances par césariennes concernent les femmes éduquées, contre 19,4 % des femmes ayant le moins accès à l’éducation.
La formation médicale en question
Dans les pays en transition économique, les femmes accouchent moins à la maison. Elles ont davantage accès aux établissements de santé : le nombre de césariennes augmente en proportion. Dans les zones rurales ou certains pays pauvres, enfin, la césarienne peut venir pallier un manque de formation ou une incapacité à prendre en charge des accouchements difficiles. Toutefois, c’est dans ces régions que les taux de césariennes sont les plus faibles (entre 0 et 6 % au Soudan ou au Bangladesh). D’une manière générale, les auteurs constatent que les femmes les plus pauvres et les plus vulnérables ont le moins accès à la césarienne, ce qui conduit à une mortalité maternelle et infantile accrue.
Dans « The Lancet », Marleen Temmerman et ses collaborateurs alertent : « la fréquence actuelle des césariennes questionne la formation médicale : les jeunes médecins sont devenus experts en césarienne mais ils sont en train de perdre une part importante de leur expertise en accouchement par voie basse. »
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