L’imagerie tau dans la maladie d’Alzheimer

Les lésions tau sont corrélées au déficit cognitif

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Publié le 12/05/2016
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

« Cette étude, l’une des premières utilisant l’imagerie tau, nous permet de voir où s’accumule la protéine tau dans la maladie d’Alzheimer. Elle positionne l’imagerie tau dans le contexte des autres biomarqueurs connus. C’est la première étude qui compare l’imagerie tau à l’examen du liquide cérébrospinal (LCS) et à l’examen cognitif », précise au « Quotidien » le Dr Beau Ances, neurologue à la Washington University à St Louis (États-Unis). « Globalement, la protéine tau et l’amyloïde sont probablement nécessaires pour le passage de l’état cognitif normal à la maladie d’Alzheimer symptomatique », précise-t-il.

Dans l’étude publiée dans la revue « Science Translational Medicine », Brier et coll. ont utilisé l’imagerie TEP pour mesurer de manière non invasive les dépôts de tau et d’amyloïdes chez 10 patients souffrant de maladie d’Alzheimer légère et 36 adultes sains (âgés de 75 ans en moyenne).

En effet, la maladie d’Alzheimer se caractérise par une double protéinopathie dans le cerveau : une bêta-amyloïdose, sous la forme de plaques amyloïdes dans l’espace extracellulaire, et une tauopathie, principalement sous la forme de dégénérescences neurofibrillaires dans les neurones. Tandis que le peptide bêta-A est un fragment d’une protéine transmembranaire, la protéine tau est liée aux microtubules qui constituent le squelette de la cellule.

Les modèles physiopathologiques suggèrent que l’accumulation de bêta-amyloïde précède la tauopathie ; et les études d’autopsie ont montré que les dépôts amyloïdes et les lésions tau progressent dans le cerveau selon des topographies stéréotypées. Jusqu’à récemment, seuls les dépôts amyloïdes pouvaient être étudiés in vivo au moyen de l’imagerie en tomographie par émission de positons (TEP), mais des marqueurs d’imagerie tau en TEP sont disponibles depuis peu.

Performance cognitive

L'étude réalisée par Brier et coll. montre que la protéine tau et la protéine amyloïde s’accumulent dans des régions différentes du cerveau, et ces topographies sont corrélées à la progression de la maladie. Le dépôt de tau dans le lobe temporal (dont l’hippocampe) est bien corrélé à la protéine tau dans le liquide cérébrospinal (LCS), un marqueur souvent utilisé pour évaluer le stade présymptomatique de la maladie d’Alzheimer. De plus, les lésions tau dans le lobe temporal sont étroitement corrélées aux stades de la démence et prédisent mieux la performance cognitive que les dépôts amyloïdes dans n’importe quelle région du cerveau.

L’imagerie tau est utilisée pour l’instant uniquement à des fins de recherche et devra être perfectionnée pour un usage clinique. « La TEP bêta A restera probablement un outil puissant pour la détection précoce de la pathologie de la maladie d’Alzheimer durant la période présymptomatique », estiment les auteurs. « Cependant, nos données suggèrent que la relation étroite entre l’imagerie tau et le stade de la maladie et la symptomatologie jouera un rôle crucial pour surveiller l’efficacité des thérapies modifiant la maladie », concluent-ils.

Science Translational Medicine, Brier et coll. 11 mai 2016

Dr Veronique Nguyen

Source : Le Quotidien du médecin: 9495