Les médecins généralistes participent peu aux études pharmacoépidémiologiques, censées évaluer en vie réelle l’efficacité, le risque, le bénéfice et l’usage des médicaments. Selon un sondage réalisé il y a quelques années par le Collège national des généralistes enseignant (CGNE), seulement 5 % d’entre eux y contribuent. Partant de ce constat, l’Institut de recherche en médecine générale (IRMG) et le CGNE ont voulu connaître les raisons de ce manque de motivation, en menant une enquête après de 946 médecins généralistes dont 640 ont répondu.
Principaux blocages
Selon les résultats présentés en ouverture de la 7e édition du Colloque de pharmacoépidémiologie organisé jeudi, à Paris, par l’Association française des organisations de recherche clinique par contrat (AFCROS), les principaux blocages qui ressortent de l’enquête CNGE-IMRG sont l’absence de référent local et les manques de moyens humains et de formations. Ces problèmes pourraient être résolus via une organisation des médecins généralistes en réseaux chapeautés part un coordinateur. « Ces réseaux devraient être assez informels et souples, juge le Dr François Lacoin, président de l’IRMG et vice-président du CGNE, les médecins généralistes pourraient y être formés à la collecte de données et aux bonnes pratiques cliniques. Ils pourraient aussi y apprendre comment évaluer rapidement de la faisabilité de l’étude : combien de patients ils peuvent recruter, et en combien de temps ? » Concernant la rémunération de la participation des médecins généralistes aux études pharmacoépidémiologiques, le Dr Lacoin « plaide pour que les activités de recherche soient hors quota de l’enveloppe annuelle de DPC. »
Impliquer les médecins dans l’écriture des protocoles
Au-delà de ces aspects pratiques, l’enquête révèle aussi que les médecins estiment que ces études servent plus souvent les intérêts des firmes pharmaceutiques et des médecins que ceux des patients. En effet, 76,6 % des répondants estiment en effet que les données sont utiles aux industries pharmaceutiques, et 75,4 % jugent qu’elles sont utiles pour les médecins. Les patients arrivent bons derniers de ce hit-parade, puisqu’à peine plus de la moitié des médecins interrogés pensent que ces études cliniques peuvent servir aux malades. « Il faudrait que les firmes pharmaceutiques dissipent l’idée selon laquelle elles cherchent à "acheter des prescriptions" lors de ces études », estime le Dr Lacoin. Pour cela, une parade intelligente serait d’impliquer les médecins dans l’écriture des protocoles afin que « les questions traitées par l’étude soient plus en phase avec leurs préoccupations », conclut le Dr Lacoin.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie