Il n’y a pas de maladies infectieuses spécifiques des migrants. « Les maladies infectieuses qui touchent les migrants ont les mêmes signes cliniques et bénéficient des mêmes moyens diagnostiques et thérapeutiques que celles de la population générale », tient à préciser d’emblée, le Pr Olivier Bouchaud (hôpital Avicenne, Bobigny). La seule différence est la fréquence de certaines infections, qui est plus importante chez les migrants pour des raisons épidémiologiques.
Les difficultés d’accès aux droits et aux soins de ces patients (situation de précarité fréquente) entraînent un moindre recours au dépistage et à la prévention (par les vaccinations notamment) ainsi qu’un diagnostic plus tardif, à des stades évolués de l’infection.
La tuberculose, huit fois plus fréquente
La tuberculose est huit fois plus fréquente dans la population des migrants que dans la population générale. « Ce surrisque est probablement lié au fait que les migrants sont issus de pays où le bacille de Koch circule de façon plus intense et au stress psychologique, induit par l’immigration (stress du déracinement et de l’adaptation – pas toujours facile-à un nouveau cadre de vie) qui facilite la réactivation du BK », explique le Pr Olivier Bouchaud.
On note également, une proportion importante d’infections par le VIH chez les migrants, mais elle a cependant, tendance à diminuer. Selon les dernières statistiques, 38 % des nouvelles infections surviennent chez des migrants (notamment d’Afrique subsaharienne). « D’après des données récentes issues de l’étude Parcours, près de 50 % des transmissions étaient survenues en France ce qui reflète l’importance des facteurs d’exposition au VIH dans ce contexte et l’insuffisance de la prévention », souligne le Pr Olivier Bouchaud. Un dépistage systématique du VIH est justifié, a fortiori en présence de pathologies fréquemment associées (tuberculose notamment).
Les hépatites B et C ont également une incidence plus élevée chez les migrants que dans la population générale. La contamination se fait en général assez tôt dans leur vie.
Un dépistage systématique est donc également souhaitable chez les migrants.
Infections parasitaires
En ce qui concerne le paludisme, une vigilance particulière est à apporter aux migrants africains retournant dans leur pays d’origine après plusieurs années passées en dehors de leur pays. En raison d’une fausse croyance d’une immunité acquise durable, et d’une moindre accessibilité à la chimioprophylaxie (traitement non remboursé, manque d’informations), les migrants qui visitent leur famille sont peu nombreux à la prendre. Cette moindre protection associée à une plus forte exposition (séjours davantage en milieu rural, conditions plus précaires) entraîne un surrisque par rapport aux autres voyageurs et explique que sur environ 4 500 cas annuels de paludisme d’importation en France métropolitaine, trois-quarts surviennent chez des migrants d’origine africaine ayant visité leur famille. Le renforcement de la prévention est donc primordial dans cette population.
Quant aux schistosomoses (bilharzioses), un dépistage systématique doit être proposé pour tous les primo-arrivants s’ils sont originaires de zones à risque (Afrique subsaharienne surtout). La sérologie est l’outil de dépistage présentant la meilleure performance par rapport aux contraintes des examens parasitologiques des selles et des urines.
Enfin, la maladie de Chagas (trypanosomose américaine) concerne surtout les personnes originaires de l’Amérique Latine pauvre et rurale (Bolivie particulièrement). Afin de prévenir l’infection congénitale, toutes les femmes en âge de procréer nées en Amérique Latine devraient bénéficier d’un dépistage sérologique systématique lors des visites prénatales ou au moment de l’accouchement.
D'après un entretien avec le le Pr Olivier Bouchaud, hôpital Avicenne, Bobigny
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