Plusieurs études (dont une (1) sur 551 patients) ont permis d’individualiser 5 phénotypes d’arthrose : type I (arthrose débutante avec pincement minime), type II (arthrose du sujet jeune, non obèse, avec bonne force musculaire), type III (obèse et perte de force musculaire des quadriceps), type IV (patients âgés avec souvent une note dépressive) et type V (arthrose sévère très évoluée).
Syndrome métabolique
Le poids des facteurs métaboliques dans l’émergence voire l’aggravation de l’arthrose fait couler beaucoup d’encre. Le Pr Chevalier retient l’article (2) de l’équipe de Jérémie Sellam. Sur 300 patients porteurs du VIH sans surcharge pondérale, ceux avec syndrome métabolique ont plus d’arthrose digitale détectée par radiographie (64 %) que ceux sans syndrome métabolique (48 %). Les facteurs métaboliques accélèrent l’émergence de l’arthrose sur des articulations non portantes, une donnée intéressante qui montre que la surcharge pondérale n’est pas l’unique facteur d’arthrose.
Un patient arthrosique augmente-t-il son risque de décès cardiovasculaire ? De nombreuses études soulignent l’association entre gonarthrose sévère et atteinte microcirculatoire. Une étude (3) publiée en 2016 sur 800 patients suivis pendant 23 ans révèle, en appariant facteurs de risque cardiovasculaire et arthrose du genou (pas de celle d’articulations non portantes), un risque d’événement cardiovasculaire multiplié par un facteur de plus de 2. « C’est probablement parce que le handicap physique dû à une gonarthrose favorise la sédentarité » note le Pr Chevalier.
Deux études portent sur la douleur. La première (4) montre que si les troubles du sommeil modifient la perception de la sensibilité centrale à la douleur, une thérapie comportementale du sommeil ne soulage pas pour autant la gonalgie ! La deuxième (5) valide dans l’arthrose la stratégie de coping (aide au patient dans la prise en charge de la douleur par internet ou téléphone) : plus les patients sont soutenus, meilleure est leur stratégie antalgique.
Acide hyaluronique, PRP, cellules-souches…
Sur le plan des médicaments, 2 016 marque le large déremboursement de l’acide hyaluronique. « Confrontée au dogmatisme, la Société Française de Rhumatologie a pris position. Elle considère l’effet de l’acide hyaluronique globalement positif. Efficace dans deux tiers des cas, il rend service aux patients ayant une gonarthrose. Pourquoi s’en priver vu le panel restreint de traitements disponibles : des antalgiques modérément efficaces et des anti-inflammatoires et corticoïdes administrables que sur de courtes périodes. Le déremboursement n’est certainement pas une bonne chose » s’insurge le Pr Chevalier.
Les concentrés de plaquettes autologues (PRP) sont à la mode. Une intéressante revue de la littérature (6) fait le point sur les essais non randomisés (nombreux), et les essais randomisés (peu nombreux) contre placebo. Elle conclut à la supériorité des PRP (en 1 à 2 injections) sur le placebo, et à une légère supériorité, non significative (en 2 à 3 injections) sur l’acide hyaluronique « Des essais randomisés de large ampleur contre placebo seraient les bienvenus » estime le Pr Chevalier.
Autre domaine à la mode, celui des cellules-souches. Une étude française de phase I a montré la faisabilité et bonne tolérance des injections intra-articulaires de cellules souches d’origine adipeuse (7). Des études contrôlées contre placebo sont en cours. Une autre étude (8) a comparé sur 40 patients l’évolution de lésions focales du cartilage traitées par des micro-fractures seules ou en y associant des cellules souches mésenchymateuses autologues d'origine adipeuse chez le sujet jeune (18-40 ans). L’apport de cellules souches fait à peine mieux sur la douleur que les micro-fractures seules (elles traversent la lésion cartilagineuse jusqu’à l’os pour faciliter la migration de cellules souches depuis l’os sous-chondral) et le tissu réparé d'allure cartilagineuse est identique dans les deux groupes.
Du cartilage nasal dans les lésions du genou
Pour le Pr Chevalier s’il n’y avait qu’une étude à retenir de 2016, ce serait « un essai très original (9) de greffe de chondrocytes du cartilage nasal dans des lésions traumatiques cartilagineuses du genou avec un recul à 2 ans. En montrant la faisabilité, une certaine amélioration clinique, un comblement globalement satisfaisant chez certains patients et un meilleur contenu en protéoglycanes du cartilage lésé sur l’IRM quantitative à 2 ans, il ouvre la voie à des essais contrôlés »
Quant à 2017, une étude (10) montre l’extraordinaire durée de survie (avec 20 ans de suivi) des prothèses de hanche (63 000 patients) et de genou (54 000 patients). Pour la hanche : 95 % de survie à 10 ans, 85 % à 20 ans ; pour le genou : 96 % à 10 ans, 89 % à 20 ans ! Un bémol toutefois : chez l’homme, une prothèse implantée avant 70 ans a une durée de vie moindre (65 % de survie à 20 ans).
D’après un entretien avec le Pr Xavier-Jean Chevalier, hôpital Henri Mondor, Créteil
Références :
(1)Van der Esch M. et al., Osteoarthr. Cartil., 2015; 23: 544-9
(2)Sellam J. et al., Ann. Rheum. Dis., 2016;. 75: e52
(3)Kluzek S. et al., Ann. Rheum. Dis., 2016;. 75: e23
(4) Smith MT et al.,Arthritis Rheumatol. 2015;67:1221-33.
(5) Rini C. et al., Pain, 2015;. 156: 837-48
(6) Laudy AB. et al., Br J Sports Med, 2015; 49: 657-72
(7) Pers YM. et al., Stem Cells Transl Med, 2016; 5: 847-56
(8) Koh YG. et al, Arthroscopy, 2016; 32: 97-109
(9)Mumme M. et al., Lancet 2016;. 388: 1985-1994
(10)Bayliss LE et al. Lancet. 2017 Feb 13. pii: S0140-6736(17)30059-4; doi: 10.1016/S0140-6736(17)30059-4
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