« Nous sommes en train de vivre un scandale de santé publique... la pollution tue », précise, d'entrée de jeu, Anne Hidalgo, la maire de Paris, à l'occasion du colloque « la pollution de l'air et ses impacts sur la santé », ce jeudi à Paris. « Or, face à nous, nous avons des lobbies puissants qui utiliseront tous les moyens pour nous empêcher de dire la vérité », ajoute-t-elle. D'où l'idée de l'élue d'organiser ce colloque pour « faire le point sur la pollution à partir d'études scientifiques, et nourrir le débat public de rationalité, face au mensonge ». Avec, notamment, la présentation de deux études récentes sur l'impact de la pollution sur la santé en Ile-de-France.
Asthme : les PM2,5 en ligne de mire
L'étude Pollux s'est intéressée à la relation entre pollution atmosphérique (PA) et survenue de crises d’asthme chez les enfants ayant consulté aux urgences entre 2012 et 2016.
Sur les 4 polluants étudiés (NO, O3, PM10 et PM2,5), « ce sont les PM2,5 qui, de manière indépendante, influent sur les passages aux urgences pour asthme », note le Pr Jean Marc Treluyer, chef du service de pharmacologie clinique à l'hôpital Cochin (AP-HP) et co-responsable de Pollux. L'étude a également mis en évidence qu'il n'y avait ni niveau ni délais minimaux d'exposition pour le déclenchement de l'asthme. « Dès qu'il y a une augmentation de ces particules, il y a une augmentation du passage aux urgences », précise le praticien.
L'impact du trafic routier
L'étude Paris, toujours en cours, s'intéresse à la morbidité respiratoire et allergique et à ses liens avec le mode et le cadre de vie au cours des premières années de vie de 3 840 nouveau-nés sains.
L'analyse de l'exposition précoce révèle que plus les enfants ont été exposés à un niveau élevé de pollution atmosphérique automobile (PAA) au cours de leur première année de vie, plus la probabilité qu'ils développent un asthme ou présentent des sifflements persistants à l'âge de 4 ans est élevée.
Pour l'exposition chronique à la PAA, il a été observé une diminution des niveaux de pollution en l'espace de 7 ans (entre 1 et 8 ans) dans l'ensemble de la cohorte, avec un effet un peu plus marqué à Paris. « Une diminution imputable aux politiques publiques mises en place depuis une quinzaine d'années », estime Isabelle Momas, professeure à la faculté de pharmacie Paris-Descartes et responsable de l'étude.
Quant à l'exposition actuelle, mesurée sur 24 heures, au carbone suie (une PM2,5) et aux particules ultrafines, elle fluctue selon le moment de la journée et le lieu de vie des enfants (école, transports, domicile), mais reste la plus élevée dans les transports.
Prendre en compte la pollution chronique
Le Pr Bruno Housset, chef du service de pneumologie au centre hospitalier intercommunal de Créteil (AP-HP) et président de la Fondation du souffle met en garde : « Les pics de pollution, qui nécessitent des mesures d'urgence, ne sont que la partie émergée de l'iceberg ». Selon lui, « l'impact le plus important sur la santé est celui de la pollution tout au long de l'année, avec des effets à long terme qui demandent la mise en place d'actions permanentes ».
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