La prise de conscience est très récente. Après avoir reconnu les morsures de serpent comme maladies tropicales négligées en juin 2017, l'OMS a adopté il y a un mois une résolution appelant à des mesures immédiates et efficaces.
Véritable feuille de route à cette nouvelle orientation politique, une carte planétaire des populations vulnérables aux morsures de serpents paraît dans « The Lancet ». Selon l'étude, 93 millions d'individus dans le monde seraient exposés au risque d'envenimation grave.
Une crise de santé publique silencieuse
Cette question de santé publique a longtemps été passée sous silence. Pourtant, chaque année, plus de cinq millions d'individus sont mordus par des serpents venimeux, quelque 125 000 en meurent et 400 000 survivants gardent d'importantes séquelles.
Fin juin, dans « Le Monde », l'ancien secrétaire général de l'ONU et prix Nobel de la paix, Kofi Annan, se réjouissait de la décision de l'OMS, soulignant que « la morsure de serpent est la plus grande crise de santé publique dont vous n'avez certainement jamais entendu parler ». Cette « maladie de pauvres » touche des groupes « manquant souvent de protections les plus élémentaires », comme des chaussures, indiquait-il.
Des serpents et un territoire
À partir d'une modélisation géographique, des chercheurs des universités d'Oxford et de Washington en collaboration avec l'université de Genève (UNIGE) et les Hôpitaux universitaires de Genève ont délimité des zones de vulnérabilité, en croisant la distribution des 278 espèces de serpent dangereuses, avec l'accès aux soins en termes de transport, de qualité et de traitements spécialisés.
L'intégration de plusieurs paramètres est importante. Par exemple, les serpents les plus dangereux se situent en Australie, mais ils vivent loin des hommes et les cas de morsures sont rares.
De plus, si les zones les plus touchées par les morsures de serpent sont l'Asie du Sud, l'Afrique centrale et de l'Ouest, l'Amérique du Sud et centrale et l'Océanie, les cartes révèlent que les zones vulnérables importantes se situent en Afrique centrale et en Asie. Ce sont le Bénin, le Congo-Brazzaville, l'Éthiopie, la Birmanie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Soudan du Sud.
Ces régions les plus risquées sont des zones rurales et en savane, éloignées des centres hospitaliers tout en étant proches des zones d'habitat des serpents. Pour Rafael Ruiz de Casteñeda, chercheur à l'UNIGE et coauteur : « Notre carte indique les lieux où l'on doit agir en priorité et mettre à disposition des traitements rapidement. »
Les morsures de serpent sont douloureuses et peuvent entraîner des complications parfois mortelles et des séquelles physiques et psychiques. Il existe trois mécanismes d'envenimation principaux, le premier étant cytotoxique (ampoule, œdème, nécrose, voire amputation), le second hématotoxique (hémorragies internes) et le troisième neurotoxique (paralysie nerveuse). Le venin agit rapidement laissant d’une à 48 heures pour mettre en route un traitement.
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