EN CETTE ANNÉE 2009, le programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et l’Organisation mondiale de la santé innovent. À une semaine de la journée mondiale du sida, ils publient non pas un mais deux rapports sur l’épidémie dans le monde. Le premier présente les données de l’année 2008 et leur évolution sur plusieurs années et donne les orientations prioritaires pour les deux prochaines années ; le second, plus inattendu, met en perspective les données disponibles sous forme d’une revue au format magazine d’une quarantaine de pages, « Outlook », avec en couverture Prudence Mabele, la première activiste sud-africaine à avoir révélé sa séropositivité, en 1992.
Le pic de 1996.
D’abord les chiffres. « L’épidémie semble s’être stabilisée dans la plupart des régions, même si la prévalence continue à croître en Europe de l’Est et en Asie centrale ou encore dans certaines autres parties de l’Asie du fait de la hausse rapide des nouvelles infections », soulignent les experts. L’Afrique subsaharienne reste la partie du monde la plus fortement touchée, avec 71 % des nouvelles infections en 2008. La résurgence de l’épidémie parmi les homosexuels dans les pays industrialisés se confirme.
Reste que le nombre de nouvelles infections est globalement en baisse de 17 % au cours des huit dernières années, de 15 % en Afrique subsaharienne, de 25 % en Asie de l’Est et de 10 % en Asie du Sud et du Sud-Est. Les experts estiment que le pic de l’épidémie s’est produit en 1996, année au cours de laquelle 3,5 millions de personnes se sont infectées. Par rapport à cette année record, la baisse du nombre de nouvelles infections avoisine les 30 %, avec 2,7 millions de personnes nouvellement infectées en 2008. Parmi les nouvelles infections, 430 000 ont concerné des moins de 15 ans, un chiffre en baisse de 18 % par rapport à 2001.
Le nombre de personnes vivant avec le VIH a, lui, continué à augmenter, en raison du nombre de nouvelles infections mais aussi de l’impact des antirétroviraux (ARV), qui ont permis d’allonger l’espérance de vie des patients infectés. La prévalence est estimée à 33,4 millions de personnes infectées, soit plus de 20 % de hausse par rapport à l’année 2 000, 3 fois plus qu’en 1990. En décembre 2008, 4 millions de personnes étaient sous ARV, soit dix fois plus qu’en 2005, mais, comme le souligne le rapport, la bataille contre l’épidémie n’est pas encore gagnée, le nombre de personnes nouvellement infectées excédant toujours le nombre de personnes mises sous traitement : « Pour cinq personnes qui s’infectent, deux seulement sont mises sous traitement ».
Encore des efforts.
Le nombre de décès est estimé à 2 millions, en baisse de 10 % par rapport à 2004, année où un pic a sans doute été atteint avec 2,2 millions de décès. Les experts estiment que quelque 2,9 millions de vie ont été sauvés depuis l’arrivée des antirétroviraux en 1996. La thérapie antirétrovirale a permis d’éviter 200 000 nouvelles infections liées à une transmission materno-infantile.
« La bonne nouvelle, c’est que nous avons des preuves que les déclins que nous constatons sont dus, en partie du moins, à la prévention », a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA. Mais chaque pays doit adapter ses programmes de prévention aux évolutions nationales de l’épidémie afin de mieux protéger les populations les plus vulnérables.
En dépit de ces résultats « concrets et mesurables », l’OMS par la voix de son directeur généra, Margaret Chan, lance une mise en garde : « Nous ne pouvons pas laisser ce mouvement s’essouffler. Le moment est venu de redoubler d’efforts, et de sauver de nombreuses autres vies. » Les experts ont d’ailleurs défini neuf axes prioritaires sur lesquels devront se concentrer les investissements et les actions en 2010 et 2011 : réduction de la transmission sexuelle ; prévention de la mortalité maternelle et de la transmission materno-ftale ; accès au traitement ; prévention et traitement de la tuberculose chez les personnes infectées ; lutte contre la criminalisation, la stigmatisation et les lois punitives, qui sont un obstacle à la réponse contre l’épidémie ; lutte contre les violences à l’encontre des filles et des femmes ; aider les jeunes à mieux protéger ; améliorer la protection sociale des personnes infectées.
Idées innovantes.
Et pour mieux incarner les données sur l’épidémie, l’ONUSIDA a voulu les mettre en perspective avec le magazine « Outlook », au travers de rubriques punchy (« Comment c’était avant, comment c’est aujourd’hui », « Où va l’argent du sida ? », « Un jour dans la vie de Prudence Mabele »). Un journal glamour, pour une vision optimiste, qui recense les idées innovantes, comme l’utilisation de SMS pour inciter les jeunes à se faire dépister en Afrique du sud, la création d’une entreprise de fabrication de préservatifs au Brésil alliant lutte contre le sida et protection de l’environnement, ou encore la montée progressive dans les instances internationales de la notion de traitement préventif pré-exposition. Le dernier mot a été laissé à Michel Sidibé, qui bouclera en janvier sa première année à la tête de l’ONUSIDA et qui affirme : « L’accès universel demeure la priorité numéro un . »
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