Paludisme chez la femme enceinte : des chercheurs français ont développé un vaccin bien toléré et immunogène

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Publié le 05/02/2020
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Crédit photo : PHANIE

Pour lutter contre les complications liées à l'infection au paludisme chez les femmes enceintes, une équipe de chercheurs (INSERM/Université de Paris/CNRS) a développé PRIMVAC, un vaccin préventif. Ils ont montré son innocuité et sa capacité à entraîner une réponse immunitaire dans un essai de phase IA/B paru dans « The Lancet Infectious Diseases ».

Des risques pour la mère et l'enfant

« Dans les zones d'endémie, les individus acquièrent progressivement une immunité clinique pendant l'enfance, et les adultes sont donc généralement protégés contre les conséquences cliniques graves de la maladie, expliquent les auteurs. Cependant, lors de leurs premières grossesses, les femmes sont sensibles aux conséquences cliniques graves associées au paludisme placentaire. »

Le paludisme au cours de la grossesse peut notamment être à l'origine d'anémie ou d'hypertension chez la mère, et d'un faible poids à la naissance chez l'enfant. Ces conséquences sont liées à l'accumulation d'érythrocytes infectés dans le placenta.

PRIMVAC est un candidat vaccin dérivé de VAR2CSA. Dans l'étude, il a été administré par voie intramusculaire aux jours 0, 28 et 56, avec de l'Alhydrogel ou du GLA-SE (glucopyranosyl lipid adjuvant in emulsion stable) en adjuvant. Son profil de sécurité a été évalué en deux temps.

Dans la première phase, 18 femmes non exposées à l'agent du paludisme Plasmodium falciparum ont été incluses en France. Six d'entre elles ont reçu une dose de vaccin de 20 μg de PRIMVAC (trois avec de l'Alhydrogel et trois avec du GLA-SE). Les 12 autres ont reçu une dose de 50 μg (six avec de l'Alhydrogel et six avec du GLA-SE).

Dans la seconde phase de l'essai, 50 femmes naturellement exposées au paludisme et nulligravides ont été incluses au Burkina Faso. Vingt ont reçu 50 μg de PRIMVAC (dix avec de l'Alhydrogel et dix avec du GLA-SE), et 20 autres ont reçu une dose de 100 μg (dix avec de l'Alhydrogel et dix avec du GLA-SE). Dix ont reçu un placebo.

Une séroconversion qui perdure

Aucun événement indésirable grave lié au vaccin n'a été rapporté, quel que soit le groupe. Les événements indésirables liés au vaccin les plus courants étaient liés au site d'injection.

Une séroconversion est survenue chez toutes les femmes vaccinées avec PRIMVAC après deux doses de vaccin. Un grand nombre d'entre elles étaient encore séroconverties 1 an après la dernière immunisation. L'adjuvant GLA-SE s'est révélé plus puissant que l'Alhydrogel pour induire une réponse immunitaire.

« Le suivi des femmes burkinabées vaccinées avec PRIMVAC pourrait permettre de savoir si la réponse immunitaire associée à la vaccination PRIMVAC pourrait les protéger contre le paludisme placentaire », soulignent les auteurs.


Source : lequotidiendumedecin.fr