Une équipe de Boston vient d’identifier deux nouveaux auto-antigènes spécifiques de la polyarthrite rhumatoïde (GNS et FLNA). Ils sont la cible d’une réponse immune qui pourrait initialement être dirigée contre certains peptides du microbiote intestinal. Une ouverture pour améliorer le diagnostic et le traitement. L'étude est publiée dans « Journal of Clinical Investigation ».
Chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde (PR), des cellules T auto-réactives provoquent une inflammation et une destruction progressive des articulations.
Les facteurs de risque génétiques les plus importants sont les allèles HLA-DRB1 SE. Ils sont associés à la PR séropositive pour le facteur rhumatoïde (FR) et/ou l’anticorps anti-protéine citrullinée (AAPC), ce dernier étant le seul auto-anticorps spécifique de la PR identifié jusqu’ici.
Les facteurs de risque environnementaux sont moins bien définis. Toutefois, de récentes données suggèrent qu’une immunité muqueuse, déclenchée par une interaction avec des microbes intestinaux ou oraux ou des antigènes inhalés dans les poumons, pourrait être à l’origine de l’auto-immunité dans les articulations. Une étude a par exemple mis en évidence une dysbiose intestinale chez des patients nouvellement diagnostiqués, caractérisée par un excès d’espèces Prevotella, en particulier de P. copri.
Deux auto-antigènes identifiés
L’équipe du Dr Annalisa Pianta (Massachusetts General Hospital, Boston) a, elle, identidié un lien possible inflammation articulaire et microbiote intestinal. En utilisant une nouvelle approche pour détecter des peptides présentés par HLA-DR (épitopes des cellules T) dans la synoviale ou les lymphocytes périphériques, l’équipe du Dr Annalisa Pianta (Massachusetts General Hospital, Boston) a pu identifier deux nouveaux auto-antigènes - GNS (N-acétylglucosamine-6-sulfatase) et FLNA (filamine A). Ces auto-antigènes sont ciblés par les cellules T et B chez plus de 50 % des patients souffrant de PR, mais pas chez les témoins sains ou les patients affectés par d’autres maladies rhumatismales.
Les 2 auto-antigènes sont fortement exprimés dans la synoviale enflammée. Tandis que FLNA n’est pas citrulliné, GNS est citrulliné et les anticorps anti-GNS sont corrélés au taux d’AAPC.
Autre découverte importante, les peptides GNS et FLNA présentés par HLA-DR sont très similaires aux épitopes des protéines de certaines bactéries commensales de l’intestin, et notamment les espèces Prevotella. De plus, les patients montrant une réactivité aux peptides GNS et/ou FLNA, présentent aussi une réactivité aux peptides microbiens ; et la réactivité aux auto-peptides GNS et/ou FLNA est corrélée aux taux d’anticorps anti-P. copri.
Ces résultats suggèrent que des réponses immunitaires au niveau de la muqueuse intestinale pourraient contribuer à la maladie dans un large sous-groupe de patients affectés de PR.
Améliorer le diagnostic et le traitement
Cette découverte pourrait permettre d’améliorer le diagnostic et le traitement. L’ajout des 2 auto-anticorps spécifiques de la PR (GNS et FLNA) au test standard d’auto-anticorps (FR et AAPC) pourrait accroître le pourcentage de patients séropositifs pour la PR (de 70 % à 90 % environ). De même, l’ajout de l’antigène GNS citrulliné au test de l’AAPC pourrait rendre le test encore plus sensible. Ces marqueurs de diagnostic sont importants pour instaurer au plus tôt le traitement modifiant l’évolution de la PR.
Enfin, estiment les chercheurs, « l’identification des patients présentant ces anticorps (GNS et FLNA) pourrait permettre d’évaluer et de développer des traitements adjuvants, comme de brèves antibiothérapies ciblées ou des modifications diététiques ».
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