LES SINGES AFRICAINS sont des réservoirs naturels du virus de l’immunodéficience (sous la forme des SIV). Une quarantaine d’espèces sont porteuses d’un virus apparenté, et trois d’entre elles ont transmis à l’homme le virus qui est devenu le VIH et est à l’origine de la pandémie. Le singe vert est le réservoir le plus important, 80 % des adultes étant infectés. Lorsqu’ils rencontrent le virus pour la première fois, ces singes présentent une primo-infection, tout comme les humains. Mais contrairement à l’homme, ils ne progressent pas par la suite vers la maladie, en dépit d’une charge virale élevée.
Les singes d’Asie ou d’Amérique ne sont pas porteurs du virus et connaissent une évolution du sida similaire aux humains (le macaque infecté par un SIV représente d’ailleurs un modèle d’étude du sida).
Pour comprendre le déroulement des étapes immunitaires, l’étude comparative des singes verts et des macaques est instructive. C’est ce qu’ont réalisé les chercheurs à l’aide de puces à ADN sur des cellules CD4 du sang et des ganglions lymphatiques prélevés chez les deux espèces de singes.
Un contrôle de l’activation immunitaire.
« Nos résultats apportent pour la première fois la preuve qu’il existe un mécanisme actif de contrôle de l’activation immunitaire chez le singe vert », explique au « Quotidien » Michaela Müller-Trutwin, responsable de ce projet à l’Institut Pasteur. L’étude montre en effet que la primo-infection chez le singe vert s’accompagne très rapidement d’une activation immunitaire et inflammatoire. Cette réponse comporte une induction importante de gènes de l’interféron alpha et l’activation de lymphocytes T. Mais au bout de 28 jours, la réponse est contrôlée, l’interféron alpha est revenu à un niveau basal. Le virus continue à se répliquer, mais les singes ne tombent pas malades, même s’ils présentent une charge virale importante. Pour autant, le mécanisme qui s’installe chez les singes verts n’est pas une absence réponse immunitaire. Le virus se réplique, certes, mais il est tout de même contenu. Il existe un mécanisme de contrôle de la réponse immunitaire et du virus que l’on ne connaît pas encore, mais qu’il importe de décrypter car il pourrait donner des indications pour l’élaboration d’un vaccin.
La réponse immunitaire des singes macaques, qui comme les humains développent la maladie, est différente. Passée la primo-infection, les cytokines (et notamment l’interféron alpha) restent élevées. La réplication virale entraîne une activation persistante et anormale du système immunitaire, qui est responsable à long terme du sida.
« Cette activation (de la primo-infection, qui existe donc chez tous les singes) est nécessaire pour que le virus puisse établir l’infection persistante », explique le Dr Müller-Trutwin. « L’activation des cellules T et l’inflammation génèrent des cellules cibles pour le SIV ou le VIH. Les virus doivent en trouver suffisamment pour se répliquer. »
Des résultats similaires obtenus par une équipe américaine sur un autre réservoir naturel, le singe mangabé, paraissent simultanément dans le même journal. Ces résultats confirment la nécessité de poursuivre les recherches sur de nouvelles stratégies thérapeutiques ou vaccinales visant à contrôler l’activation immunitaire rapidement après l’infection.
The Journal of Clinical Investigation, décembre 2009.
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