Le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherches sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS)
L'Allemagne a déjà recommandé le traitement universel de l'hépatite C. Est-ce le moment pour la France de le faire à son tour ? Quelle est la position de l'ANRS vis-à-vis des nouvelles recommandations de l'AFEF ?
J'appuie très clairement ces recommandations. Il y a un consensus entre le Pr Dhumeaux, l'AFEF et l'ANRS pour les porter ensemble auprès de la ministre de la santé avec une demande de rendez-vous courant mars. On a aujourd'hui une bonne vision du traitement de l'hépatite C, notamment grâce aux 21000 patients suivis dans la cohorte Hepater de l'ANRS. Les hépatologues et les internistes ont suivi les recommandations officielles, en traitant les patients prioritaires sans qu'il y ait eu des débordements. Il y a une logique à traiter à la fois pour empêcher le virus de circuler mais aussi pour diminuer les complications extra-hépatiques associées à l'hépatite C.
Que pensez-vous du frein représneté par le coût élevé des antiviraux ?
C'est un problème mais les choses peuvent bouger. Les prix des traitements innovants sont soumis à renégociation. De plus, si le volume des patients à traiter augmente, les industriels seront prêts à faire des efforts. Ces deux dernières années en France, le coût s'est révélé plus faible dans la réalité que celui estimé. Il faut bien comprendre que, contrairement au VIH, le traitement du VHC dure 12 voire 8 semaines et c'est fini. Ce sont deux infections virales chroniques mais dans le cas du VHC le traitement n'est pas chronique. Ce type de recommandations donne une direction mais tous les patients ne seront pas vus immédiatement. Cela va s'étaler dans le temps. Si la capacité du système de soins est de traiter 15000 à 20000 patients par an, cela devient envisageable.
Pensez-vous que l'éradication du VHC pourra être obtenue ? Si oui quand ?
Cela prendra beaucoup de temps, 10 à 15 ans, car beaucoup de patients ne connaissent pas leur séropositivité. Tant que la barre des non-dépistés ne passe pas en -dessous des 5%, le virus continue de circuler. Même si la France est une bonne élève en matière de dépistage, il y reste beaucoup à faire encore. Près de 45% des patients infectés ne connaissent pas leur séropositivité.
Le traitement de l'hépatite C semble aujourd'hui abouti. La recherche sur le VHC a-t-elle encore un sens ?
Ce n'est pas parce qu'il existe un traitement que tout est réglé. Il n'y a toujours pas de vaccin. Et, une fois l'infection traitée, on ne sait pas aujourd'hui s'il existe sur le long terme un risque accru de cancer du foie ou si la cirrhose régresse totalement. De plus, en réalité, le traitement marche dans 91-92% des cas. Que propose-t-on à ces 8% de patients en échec ? C'est la réponse à laquelle va répondre un essai de l'ANRS actuellement en cours.
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