Comment les anticorps produits par des personnes guéries du Covid neutralisent la partie du virus responsable de l'infection ? Une nouvelle étude parue dans « Science » apporte de nouveaux éléments qui pourraient avoir des implications dans la lutte contre les variants mais aussi contre de potentiels coronavirus émergents.
Jusque-là, les études se sont surtout intéressées au domaine de liaison au récepteur (RBD) de la protéine Spike du SARS-CoV-2, considéré comme la cible principale du système immunitaire. Toutefois, en étudiant les immunoglobulines circulantes (IgG) présentes dans le plasma de quatre patients convalescents, les chercheurs ont constaté que la plupart de ces IgG - en moyenne 84 % - ciblaient des régions de la protéine Spike du virus autres que le RBD. Les chercheurs ont également été surpris de découvrir une faible diversité des IgG (de 6 à 22 lignées contre une centaine attendue).
Des anticorps « partagés » contre la partie N-terminale de la protéine Spike
Pour rappel, le mécanisme permettant au SARS-CoV-2 d'infecter les cellules est bien connu. Dans un premier temps, la protéase TMPRSS2 de l'hôte va cliver la protéine Spike, présente à la surface du virus, en deux sous-unités S1 (« tête ») et S2 (« tige »). C'est la sous-unité S1 qui contient le RBD. Et c'est par le biais de ce motif que le virus va pouvoir fixer le récepteur ACE2 de l'hôte. La sous-unité S2 va alors permettre la fusion entre la membrane de la cellule et l’enveloppe virale, et donc l'entrée du virus dans la cellule.
Les chercheurs ont mis en évidence que la réponse anticorps dirigée contre des parties de la protéine Spike se situant en dehors du RBD est « publique », c'est-à-dire partagée. « Cela signifie que ces anticorps ont une séquence convergente et des chevauchements structuraux retrouvés chez plusieurs individus, expliquent au « Quotidien » Gregory Ippolito et Jason Lavinder, chercheurs à l'université du Texas à Austin et co-auteurs de l'étude. Les classes d’anticorps partagés ne sont pas la norme, car les répertoires d’anticorps sont très diversifiés et généralement uniques à chaque personne ».
Ils ont constaté que cette réponse partagée était protectrice. « Elle cible la même région qui a muté chez la majorité des variants préoccupants du coronavirus dans le monde, c'est-à-dire la partie N-terminale de la S1 de la protéine Spike », précisent les auteurs. Le fait que cette région de la protéine Spike mute fréquemment pourrait en partie expliquer pourquoi certains variants parviennent à échapper à notre système immunitaire.
Des vaccins qui pourraient cibler tous les coronavirus
Malgré les capacités évolutives du virus, les chercheurs ont également observé une forte prévalence (> 40 %) d’anticorps IgG dans le sang ciblant la sous-unité S2, portion la plus conservée de la protéine Spike qui varie peu d’un coronavirus à l’autre.
« Ce constat est rassurant. Cela signifie probablement que nos vaccins actuels entraînent des anticorps ciblant cette sous-unité S2, fournissant ainsi un autre niveau de protection contre le virus, avancent les auteurs. Et cela suggère qu’une abondance d’anticorps dirigés contre la S2 pourrait être protectrice, et ceci a des implications pour l'élaboration des futurs vaccins qui pourraient assurer une protection générale contre les variants et même de multiples coronavirus ».
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