Dans un rapport intitulé « La souffrance psychique des exilés - Une urgence de santé publique » publié à l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés de ce 20 juin, le Centre Primo Levi et Médecins du Monde tirent la sonnette d'alarme.
« Dans le pays d’origine, tout au long du parcours d’exil… la violence est omniprésente dans la vie des personnes que nous accompagnons. Et que dire de la précarité dans laquelle ils se trouvent lorsqu’ils arrivent ici ? », lance pour MdM le Dr Daniel Bréhier, psychiatre, lors de la présentation du rapport. Et de constater : 62 % des personnes accueillies au Comité pour la santé des exilés entre 2012 et 2016 ont déclaré des antécédents de violence, une violence de plus en plus extrême. Mais les conditions d’accueil en France ne font qu’en aggraver les séquelles, dénoncent les deux associations. « La souffrance psychique constitue un très lourd fardeau, qui empêche bien souvent les exilés d’avancer, écrivent-elles. Pourtant, à leur arrivée, ce ne sont pas un accueil et des soins qui leur sont proposés mais un tunnel rempli d’obstacles de toutes sortes. »
Des équipes professionnelles démunies
Le centre Primo Levi et Médecins du Monde font le constat de la « solitude et de l’impuissance » dans laquelle se retrouvent leurs équipes professionnelles, salariées ou bénévoles. Même si elles tentent d’assurer au mieux leur accompagnement, ces équipes observent que l’offre de soins en santé mentale demeure très limitée – voire inexistante – selon les régions. Elles se retrouvent régulièrement démunies, face à des personnes dont les troubles, s’ils ne sont pas correctement pris en charge, ne peuvent que s’aggraver. Syndromes psychotraumatiques (60 % des patients), symptômes dépressifs (22 %), troubles anxieux (8 %) et traumas complexes (8 %) prédominent. Les enfants et adolescents non accompagnés constituent un public particulièrement fragilisé, surexposé à des risques sanitaires ou d’exploitation et aux troubles post-traumatiques.
Onze grandes recommandations
Pour faire face à cette « crise sanitaire » et pour répondre au signal envoyé par le ministère de la Santé qui a réuni un groupe de travail sur la santé mentale entre décembre 2017 et février 2018 dans lequel des associations étaient représentées, MdM et le centre Primo Levi mettent en avant 11 recommandations principales. Objectif ? « Contribuer à l’élaboration, au niveau national, d’une réponse de santé publique adaptée à l’enjeu ». Amélioration des conditions de vie et d’accueil des personnes, protection effective des mineurs non accompagnés (MNA), promotion du travail en réseau et de la pluridisciplinarité (social, juridique, médical, somatique et psychologique/psychiatrique) dès le premier contact, promotion et financement du recours à l’interprétariat, facilitation de l’accès à une couverture maladie, renforcement des dispositifs facilitant l’entrée dans le soin… figurent parmi ces propositions.
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