La polémique internationale sur la manipulation du génome embryonnaire n’est pas près d’être close. L’agence britannique de la fertilisation humaine et de l’embryologie (HFEA pour human fertilisation embryology authority) a annoncé avoir reçu une demande pour manipuler des embryons humains du Francis Crick Institute à Londres, et selon le Guardian, de la chercheuse Kathy Niakan. Avec l’arrivée il y a 3 ans de la technique d’édition du génome, appelée Crispr-Cas9, facile, performante et bon marché, les Britanniques emboîtent le pas aux Chinois, qui avaient publié les premiers travaux de ce type en avril 2015.
Une étude fondamentale cette fois-ci
L’initiative chinoise, la première au monde sur l’embryon et très critiquée, avait été à l’origine de vifs débats éthiques dans la presse scientifique. La communauté scientifique avait appelé à un moratoire international sur le sujet, y compris à des fins de recherche. Les embryons manipulés, qui sont issus du produit surnuméraire en aide médicale à la procréation, sont utilisés à des fins de recherche puis détruits, sans réimplantation possible. Mais les perspectives ouvertes, en particulier en médecine embryonnaire, visant à corriger de « mauvais » gènes, sont très controversées.
Des positions pas si unanimes
L’expérience chinoise, dont les résultats se sont révélés très décevants, était à finalité thérapeutique dans la bêta thalassémie. Ici, le projet britannique a pour but la recherche fondamentale, puisqu’il vise la décrire les premières étapes du développement et ainsi mieux comprendre la physiopathologie des fausses couches à répétition. Le président de biologie cellulaire au Francis Crick Institute, Robin Lovell-Badge, se veut rassurant : « Il y a clairement beaucoup de recherches importantes et intéressantes que l’on peut mener avec ces techniques et qui n’ont rien à voir avec des applications cliniques. »
Alors qu’aux États-Unis le président des National Institutes of Health, Francis Collins, s’était élevé sans ambiguïté contre toute utilisation clinique, « une ligne qui ne doit pas être franchie », le chercheur britannique ne ferme pas la porte : « Nous ne sommes absolument pas prêts pour des applications cliniques dans l’immédiat. » Pour la chercheuse Niakan : « C’est à la société de décider ce qui est acceptable : la science informe simplement de ce qui est possible. ».
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