La transplantation du rein d’un donneur vivant permet d’obtenir des résultats statistiquement meilleurs que celle réalisée avec le rein d’un donneur décédé, en grande partie, mais pas exclusivement, du fait de la meilleure « qualité » de l’organe greffé.
On connaît bien les risques pour le potentiel donneur de rein notamment pendant les périodes post- et péri-opératoires (mortalité d’environ 3/10 000). En revanche, nous avons longtemps vécu avec la notion que le risque de maladie rénale chronique et de surcroît la nécessité de recours à la dialyse n’était pas augmentée chez les donneurs.
Ceci a été récemment contesté puis infirmé par des études norvégiennes et nord-américaines qui ont permis d’aboutir à des conclusions différentes, par un suivi plus long, un nombre de donneurs suivis plus élevé et un choix plus approprié du groupe témoin.
Alors que toutes les publications sur le risque de mortalité de cause cardiovasculaire et rénale étaient plutôt rassurantes, une première étude, norvégienne (1), a remis en question ce dogme. Grâce à un registre très exhaustif de suivi des donneurs de rein et au choix d’un groupe témoin très cohérent, les auteurs ont mis en évidence une surmortalité à la fois cardiovasculaire et rénale, certes minime mais néanmoins statistiquement significative, suffisamment en tout cas pour que l’information délivrée en Norvège aux futurs donneurs soit modifiée pour tenir compte de cette nouvelle donnée.
Cette étude a été commentée et critiquée notamment sur le plan de l’analyse statistique et a mis en évidence que le choix du groupe témoin était capital. En effet, il ne s’agit pas de comparer le devenir des donneurs qui, par définition, constituent un groupe d’individus très sélectionnés à la population générale, mais théoriquement à des sujets qui auraient pu donner mais pour lesquels le processus de don a été interrompu pour une raison non médicale. Or ce nombre est sans doute trop faible pour être utilisé. On s’oriente donc le plus souvent pour le choix du groupe témoin vers des sujets très sélectionnés, en tout cas autant que l’ont été les donneurs, d’âge comparable et avec une durée de suivi équivalent.
Surrisque confirmé
C’est ce qui a été réalisé récemment dans 2 études nord-américaines (2,3) qui ont effectivement confirmé qu’il existait un surrisque de « mortalité rénale » chez les donneurs de rein et qui ont pu définir des critères de risque pour informer au mieux les futurs donneurs. Cette approche demande à être confirmée dans des populations chez lesquelles l’épidémiologie de la maladie rénale est différente (Europe versus Amérique du nord) mais elle incite à modifier prudemment l’information à délivrer aux futurs donneurs.
Il importe également de rechercher des biomarqueurs sanguins ou urinaires qui permettraient de prédire plus précocement le risque de développer une maladie rénale.
Hôpital Necker, Paris
(1) Mjoen G et al. Kidney Int 2014;86:162-7
(2) Muzaale AD et al. JAMA 2014;311:579-86
(3) Grams ME et al. NEJM 2016;374:411-21
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