Comment lutter contre l'antibiorésistance ? Des chercheurs américains du Sloan Kettering Institute à New York proposent dans « Science Translational Medicine » une piste originale pour contenir la prolifération des entérocoques résistants à la vancomycine (ERV).
Suite à des expérimentations chez la souris, l'équipe dirigée par Eric Pamer suggère d'utiliser un agent pseudo-viral, le resiquimod, pendant et après un traitement antibiotique. Le mécanisme mis en jeu consiste à stimuler les défenses naturelles antivirales, car elles seraient aussi antibactériennes et permettraient de lutter contre la domination des entérocoques résistants.
Quand les défenses naturelles sont anéanties
La prise d'antibiotiques est bien connue pour déséquilibrer le microbiote intestinal et altérer les défenses immunitaires, ce qui compromet la protection naturelle contre la colonisation par les agents pathogènes. Depuis deux décennies, la résistance à la vancomycine parmi les entérocoques pose des problèmes grandissants en clinique chez les sujets hospitalisés, qui peuvent se trouver en impasse thérapeutique.
À l'état naturel, le microbiote est capable de se protéger contre de tels pathogènes. Les bactéries commensales consomment des nutriments et sécrètent des facteurs bactéricides et bactériostatiques mais aussi stimulent des mécanismes de défense de l'hôte face à la colonisation bactérienne. Ce mécanisme passe par les récepteurs Toll-like (TLR) et par l'expression de protéines antimicrobiennes (Reg3 gamma).
La voie immunitaire du TLR7/IL22
Les virus sont connus pour booster la résistance contre les agents bactériens invasifs, mais il est bien difficile en pratique d'inoculer un virus. Pour les chercheurs, le resiquimod, une molécule de synthèse qui imite l'ARN viral, était un candidat de choix. Il se trouve en effet que cet antiviral testé en topique dans les lésions d'herpès (non retenu en phase III par manque d'efficacité), est un agoniste d'un récepteur Toll-like, le TLR7.
Avant de tester le resiquimod, les chercheurs se sont d'abord assurés que ce mécanisme de protection viromédié s'appliquait bien pour les VRE. Et ce fut le cas. Les souris traitées par antibiotiques auxquelles un novovirus avait été inoculé présentaient des densités bien moindres du pathogène dans le tube digestif.
De même, l'administration de resiquimod a permis de restaurer la résistance naturelle contre la colonisation des bactéries pathogènes. Et les chercheurs décrivent en détail la cascade immunitaire déclenchée. Tout commence par la stimulation du TLR7 sur les cellules dendritiques. Puis s'en suit une sécrétion d'IL22 par les lymphocytes avec l'expression du peptide antimicrobien Reg3 gamma.
Si les auteurs défendent leur approche inédite qui repose sur la voie TLR7/IL22, ils mettent en garde vis-à-vis des risques potentiels à stimuler le système immunitaire. On peut craindre de déclencher un état d'inflammation aigu ou chronique ou de stimuler des maladies inflammatoires existantes. « D'autres études sont nécessaires pour déterminer si les effets secondaires sur l'activation du système immunitaire inné peuvent être supprimés tout en préservant les effets bénéfiques », concluent les auteurs.
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie
L’orchestre symphonique des médecins de France donne un concert « émouvant » en hommage aux victimes du cancer du sein