Recherche scientifique pluridisciplinaire

Un centre pour les Dynamiques du vivant

Publié le 11/01/2011
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Crédit photo : DR

UN CENTRE DE FORMATION par la recherche, où, dès la première année, les étudiants de licence apprendraient sur les paillasses des laboratoires, suivraient les enseignements des plus grands scientifiques internationaux de différentes disciplines et travailleraient en équipes avec des chercheurs reconnus, la chose est encore unique en France, où les frontières entre les spécialités sont étanches. C’est pourtant toute l’originalité du futur Centre Liliane Bettencourt pour les dynamiques du vivant. « Il est impératif de repenser l’articulation entre la recherche et la formation, et de miser sur l’intelligence collective, le dialogue entre les disciplines », souligne François Taddei, polytechnicien devenu chercheur à l’INSERM, auteur en 2009 d’un rapport sur l’école pour l’OCDE.

Le scientifique, spécialiste de génétique moléculaire évolutive et médicale, est en effet à l’initiative de ce projet. « Alors que je recevais le prix de l’INSERM pour la recherche en 2003, récompensant l’aspect interdisciplinaire de mes travaux, je me suis aperçu que beaucoup d’étudiants aspiraient à devenir chercheurs mais étaient frustrés de ne pas pouvoir franchir les barrières entre les spécialités ». François Taddei décide alors de rassembler des étudiants de formations diverses autour d’une discipline récente et d’avenir : la biologie synthétique, porteuse de grands espoirs en matière de découvertes thérapeutiques ou énergétiques (pour les biocarburants). Succès indéniable : il reçoit l’année suivante le Prix pour les sciences du vivant de la FBS, qui signe le début d’une fructueuse collaboration. « La Fondation a compris qu’il fallait investir de l’argent dans les programmes pour les étudiants, et pas seulement dans la recherche ».

L’École doctorale interdisciplinaire européenne Frontière du vivant (FdV), créée en 2006, est le premier-né de cette coopération. « Nous souhaitions étoffer notre soutien aux sciences du vivant, au-delà du financement de laboratoires, explique Armand de Boissière, secrétaire général de la Fondation Bettencourt. La pédagogie innovante de François Taddei, qui place la recherche au cœur de la formation, a remporté notre entière conviction. »Les étudiants sont également conquis : d’une poignée de passionnées, ils sont désormais 150, choisis par un conseil scientifique composé d’experts internationaux. Depuis 2008, ils peuvent valider un Master, et à la rentrée prochaine, une licence.

Les 400 m2 situés sur le site de Cochin de l’Université Paris Descartes ne suffisent désormais plus à ce vivier de talents, qui s’offre régulièrement des prix Outre-atlantique (en particulier du prestigieux Massachusetts Institute of Technology de Boston). « Pour répondre aux besoins que suscite l’École doctorale, intégrée dans le Centre de recherche interdisciplinaire (CRI) dirigé par François Taddei, nous avons fait le tour des pôles étrangers d’excellence », raconte Armand de Boissière. « Nous avons découvert d’exceptionnelles structures d’enseignement et de recherche en biologie financées par le privé et le public, et nous avons décidé de créer le CRI en plus ambitieux », poursuit le secrétaire général.

Partage des expériences.

Le Centre des dynamiques du vivant sera financé, via une fondation d’utilité publique homonyme, par la FBS pendant 10 ans, à hauteur 12,7 millions d’euros, en plus de l’investissement de départ de 28 millions. De quoi répondre à toutes ses ambitions. Le Centre accueillera 300 étudiants, « sélectionnés sur le même principe d’indépendance de l’école FdV, soit par un conseil scientifique international », souligne François Taddei. Les plus brillants pourront former leur équipe. En tout, elles seront 12, dont 7 confirmées et choisies au sein de l’INSERM, du CNRS, du CEA, ou de l’INRA, à se côtoyer, selon le modèle du « mentoring » : « Aucun rapport de hiérarchie, mais un partage des expériences », résume le futur président. Le rayonnement international du centre ne sera pas négligé, puisque de nombreux scientifiques étrangers seront invités à venir partager leurs recherches. La biologie synthétique, les dynamiques comparées du vieillissement et les dynamiques des génomes seront au cœur des programmes, mais une grande place sera également accordée aux nouvelles technologies, pour rendre le savoir accessible sur Internet au plus grand nombre. « Avec cette dotation de la FBS, nous avons le devoir de servir les autres et de repenser l’éducation, en favorisant l’interaction et la créativité », estime François Taddei.

 COLINE GARRÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 8882