L’année 2015 a connu une augmentation de 7,9 % des greffes rénales, avec 3 486 greffes dont 547 à partir de donneurs vivants vs respectivement 3 232 et 514 en 2014. Les greffes à partir de donneurs vivants ont augmenté de 167 % en 10 ans et représentent 16 % des greffes actuellement ce qui permettra d’atteindre l’objectif de 20 % fin 2016. « Notre système de transplantation est performant, avec un nombre de greffes par million d’habitants élevé ; toute la chaîne de soins, depuis le prélèvement jusqu’au suivi post-greffe est efficiente, puisque 91 % des reins prélevés sont greffés et qu’à 10 ans, deux tiers des greffons sont toujours fonctionnels », se félicite le Pr Olivier Bastien. L’âge des donneurs est en moyenne de 57 ans, mais celui des candidats à la greffe rénale est de plus en plus élevé, d’où des comorbidités contre-indiquant temporairement la greffe chez 40 % d’entre eux. Le programme d’allocation des greffons qui tient compte de l’âge du donneur et du receveur a encore renforcé la priorité « des reins jeunes pour les patients jeunes ».
Les résultats positifs du programme Maastricht III
Le 2e Plan Greffe insistait sur la nécessité de développer toutes les possibilités de prélèvement, que ce soit à partir de donneurs décédés ou de donneurs vivants, sans privilégier une de ces sources mais en les considérant comme complémentaires. Le programme de prélèvement d’organes sur personnes décédées des suites d’un arrêt circulatoire après une limitation ou un arrêt des traitements (Maastricht III) a démarré fin 2014 avec une phase pilote menée dans 5 centres. Les 27 greffes rénales de ce type réalisées en 2015 ont confirmé sa fiabilité et les bons résultats ont permis sa validation par l’Agence et son conseil d’orientation, permettant d’ouvrir d’autres centres en 2016 et de poursuivre l’augmentation des dons à partir des donneurs Maastricht III. « La France a pris du retard par rapport aux autres pays dans la mise en place de ce type de greffon, mais ce délai était nécessaire pour clarifier le débat et rassurer sur les questions éthiques », précise le Pr Bastien.
Accompagner les équipes hospitalières
Le succès des greffes engendre un surcroît d’activité pour les équipes de transplantation et l’Agence de biomédecine explore plusieurs pistes pour faire face à la diminution du nombre de médecins et améliorer la qualification et la professionnalisation du prélèvement. Ainsi, un groupe de travail piloté par le ministère de la Santé et l’Agence de la biomédecine s’intéresse-t-il à la mutualisation des actes de prélèvement à l’étage abdominal – un même chirurgien prélèverait par exemple le foie, le rein voire le pancréas- ou thoracique. On réfléchit aussi à la possibilité d’effectuer des prélèvements dans certains hôpitaux généraux ne pratiquant pas de greffe mais disposant d’une équipe d’urologues formés, dans le cadre de conventions avec les CHU à qui ils adresseraient les greffons. « Ces deux projets sont complémentaires et seraient développés en fonction du maillage territorial. Cela nécessiterait une formation standard au prélèvement afin que les équipes de prélèvement et de greffe puissent travailler en confiance ». Au niveau européen, il existe une plate-forme qui permet qu’un organe non utilisé dans un pays soit proposé à un autre pays, une éventualité toutefois relativement marginale actuellement vu la demande d’organes en France ; il existe aussi une convention assez ancienne liant la France à la Suisse, essentiellement dans le cadre des dons croisés. Ces échanges amènent les divers pays à travailler ensemble sur la qualité et la sécurité des greffons.
D’après un entretien avec le Pr Olivier Bastien, directeur de l'activité de prélèvement et de greffes d'organes et de tissus en France à l'Agence de la biomédecine
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