« Le dépistage organisé (DO) permet-il réellement d'alléger le traitement chirurgical des cancers du sein ? », titre une étude un brin provocatrice publiée en plein Octobre Rose dans la revue « Médecine ». Les conclusions le sont davantage encore… et ne font pas l'unanimité.
Selon l'étude dirigée par le Dr Cécile Bour, radiologue libérale et présidente de l'association Cancer Rose, la généralisation du dépistage ne s'est pas accompagnée « d'une diminution des interventions les plus mutilantes ».
L'association est connue pour militer sur l'information à donner aux femmes, estimant que si l'on est en bonne santé sans aucun facteur de risque « il n'est pas déraisonnable de ne pas se faire dépister », a déclaré le Dr Bour.
Données du PMSI
En comparant des données du Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) entre la période des 4 dernières années avant le DO (2000-2003) et la période des 4 dernières années avec le DO (2013-2016), les auteurs arrivent au constat de 18 351 mastectomies totales annuelles en moyenne sur 2000-2003, contre 19 966 sur 2013-2016.
Même si l'incidence du sein a augmenté durant ces 15 dernières années, le compte n'y est toujours pas selon les auteurs, avec toujours 40 mastectomies totales pour 100 cancers du sein invasifs en 2000 comme en 2012, estiment-ils.
L'étude a fait bondir les représentants de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM). « Ces conclusions sont totalement ahurissantes, dément le Pr Bruno Cutuli, président de la SFSPM et cancérologue à Reims. Un point déterminant est l'exactitude des données, car il existe un problème lié au codage PMSI. Cette étude n'a pas de comité de lecture, n'est pas indexée et ne serait acceptée par aucun congrès ».
Des cancers moins graves au diagnostic
Le cancérologue pousse la démonstration plus loin. « Mais même en se basant sur les données qu'ils ont extraites, en faisant le rapport des mastectomies totales sur le chiffre total d'interventions, on arrive à un pourcentage de 32 % de mastectomies totales en 2000 et de 27 % en 2016, soit une baisse de 5,3 %. Et ce chiffre est concordant avec ceux que nous avons observés au cours de 3 observatoires en France, avec un taux de mastectomies variant entre 25 et 28 % ».
Le nombre de mastectomies partielles augmente car « l'incidence du cancer du sein a augmenté de 50 % ces 15 dernières années, passant de 42 000 en 2000 à 55 000 en 2015 », fait remarquer le Pr Cutuli. En revanche, deux observatoires nationaux menés sur plus de 2 500 patientes ont montré une diminution de la gravité des cancers diagnostiqués, souligne-t-il. « Entre 2000-2001 et 2007-2008, le taux d'envahissement ganglionnaire est passé de 44 % à 32 %, la taille de la tumeur de 19 mm à 15 mm ».
Tout en appelant à vérifier la responsabilité de surdiagnostics liés au DO, « On n'observe pas d'allégement des traitements chirurgicaux du cancer du sein. Au contraire, le nombre de mastectomies totales et le nombre de mastectomies partielles continuent tous deux à augmenter malgré les recommandations actuelles de privilégier chaque fois que possible la chirurgie conservatrice », concluent les auteurs. Ce à quoi le Pr Cutuli répond que « la position de la SFSPM est très claire. Nous soignons des patientes tous les jours », précisant que la société savante prévoit de publier un démenti, vraisemblablement de façon conjointe avec les gynécologues. L'INCa n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie