CETTE découverte est le fuit du travail de chercheurs de l’Institut de biologie structurale Jean-Pierre Ebel (CNRS, Université Joseph Fourier, CEA). Cette équipe a travaillé sur le récepteur DC-SIGN qui se trouve à la surface des cellules dendritiques lesquelles, on le sait, sont présentes dans les zones de contact avec l’extérieur comme les épidermes et les muqueuses. Ce récepteur est impliqué dans les phases initiales de l’infection par le VIH ; il représente donc une cible thérapeutique potentielle qui n’a pas encore été exploitée.
La fonction du récepteur DC-SIGN est de capturer les agents pathogènes, cela en reconnaissant certains oligosaccharides caractéristiques présents à leur surface. Cela fait, les pathogènes sont internalisés dans les cellules dendritiques qui les dégradent et présentent leurs morceaux à leur surface. Les cellules dendritiques se déplacent ensuite jusqu’aux organes lymphoïdes pour déclencher une réponse immunitaire, à savoir la production de lymphocytes T capables de combattre ce pathogène. Pour ce qui est du VIH, les choses sont différentes : le virus utilise le DC-SIGN pour se faire transporter intact jusqu’aux lymphocytes T (notamment les lymphocytes T CD4) qu’il va infecter.
C’est dans ce contexte que les chercheurs français (en collaboration avec des chercheurs italiens et espagnols dans le cadre de CARMUSYS) ont mis au point un composé capable d’inhiber le processus de transfert du VIH aux lymphocytes T CD4. Cette molécule tétravalente possède quatre groupes fonctionnels imitant les oligosaccharides des pathogènes ; elle est reconnue par le DC-SIGN et, ainsi, elle empêche le VIH d’utiliser ce récepteur pour voyager jusqu’aux organes lymphoïdes. In vitro, ce composé s’est montré capable d’empêcher le transfert du VIH d’une cellule à l’autre.
Cette molécule présente des propriétés intéressantes :
- haute solubilité dans les milieux physiologiques ;
- cytotoxicité négligeable ;
- effet de longue durée : même après lavage des cellules, l’effet bloquant perdure plusieurs heures ;
- structure simple qui permet d’envisager facilement une production à grande échelle.
Enfin, étant donné que DC-SIGN est également utilisé par d’autres pathogènes pour contourner le système immunitaire, le composé mis au point par les Français pourrait aussi être prometteur dans l’inhibition de l’infection par certains virus (hépatite C, dengue, Ebola, sras), la bactérie M. tuberculosis et certains parasites. Il pourrait même s’avérer plus efficace que dans le cas du VIH. Il pourrait aussi rejoindre la liste des molécules antivirales conçues sur la base de structures osidiques existant dans la nature, les glycomimétiques, comme Tamiflu.
« Les chercheurs ont pris soin de protéger leur molécule par un brevet déposé par le CNRS et l’Université Joseph Fourrier », précise un communiqué. La prochaine étape sera celle des études précliniques chez l’animal. « En attendant de trouver un partenaire ou de créer eux-mêmes une structure adaptée, les chercheurs améliorent leur molécule pour la rendre plus spécifique de DC-SIGN et augmenter son interaction avec ce récepteur », précise le communiqué.
Sattin S. et coll. ACS Chem Biol, DOI: 10.1021/cb900216e.
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