Comment animer et coordonner la recherche autour de l’ensemble des maladies infectieuses alors que l’attention est accaparée par la dernière en date : la Covid-19 ? L’enjeu pour l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes consiste à trouver un équilibre pour orienter la recherche vers l’ensemble des maladies infectieuses, le VIH et les hépatites. « Même si on a la tête sous l’eau à cause de la Covid, il ne faut surtout pas baisser la garde et continuer à travailler sur les autres pathologies », confie le professeur Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’Agence.
En fusionnant au début de l'année avec le consortium REACTing, spécialisé dans la recherche autour des crises sanitaires liées aux nouvelles formes d’infections (Zika, grippe A H1N1, Ebola…), l’ANRS étend son champ d’expertises aux maladies infectieuses émergentes. Cette agence autonome de l’INSERM « finance, coordonne et anime la recherche sur le VIH/SIDA, les hépatites virales, les infections sexuellement transmissibles (IST), la tuberculose et les maladies émergentes (infections respiratoires comme la Covid-19, fièvres hémorragiques virales, arboviroses…) dans toutes les disciplines » allant de la recherche clinique aux sciences sociales.
Ce rapprochement « n’est pas une idée nouvelle mais cette crise a rendu la création d’une telle agence encore plus évidente, estime le professeur Yazdanpanah. On cherche à réunir les institutions autour de la table et à créer un organisme multi-institutionnel et multidisciplinaire ». Pour cela, elle hérite de l’organisation et des réseaux de l’ANRS en associant à ses travaux les associations, les patients et les ONG. L’agence développe également ses réseaux à l’international et essaye surtout « d’être plus en articulation avec l’Europe, les États comme la Commission, précise le professeur Yazdanpanah, afin par exemple de mettre en place des plateformes de recherche supranationales, de surveillance génomique ou de validation des vaccins ».
Composition
Pour organiser au mieux la recherche dans un contexte pluridisciplinaire, l’ANRS fonctionne avec des comités scientifiques sectoriels. Ils évaluent les demandes de financement chacun dans leur spécialité : recherche fondamentale, recherche clinique, la recherche en santé publique et en sciences de l’homme et de la société.
Au niveau de la gouvernance, le conseil d’orientation oriente la stratégie de l’Agence. Il est composé de 15 membres issus d’institutions gouvernementales, scientifiques, d’associations de patients. Par ailleurs, un conseil scientifique composé de 15 personnalités scientifiques et 2 représentants du monde associatif établit le bilan des travaux effectués par l’agence et donne un avis sur ses orientations scientifiques et les travaux menés par l’agence.
Qui finance ?
L’ANRS | Maladies infectieuses émergentes est financée en grande partie par les subventions d’État via ses ministères de tutelles : Enseignement supérieur, Santé et Affaires étrangères et européennes.
Ce budget, dédié à 92 % aux programmes de recherche, s’élevait à 45 millions d’euros en 2020 pour les seules missions liées au VIH et aux hépatites. « L’objectif est de ne pas toucher aux financements des missions historiques de l’agence mais d’aller chercher un budget propre aux maladies émergentes notamment via les investissements d’avenir pour l’agence affirme le professeur Yazdanpanah. À partir de ces nouveaux financements, on va mettre en place les infrastructures et les projets de recherche pour préparer la réaction face aux nouvelles épidémies ».
Objectifs et stratégie
« En France, on a beaucoup trop cloisonné les spécialités de la recherche, juge le professeur Yazdanpanah. Il faut travailler sur un continuum allant de la science fondamentale à la recherche clinique en passant par les sciences sociales ». Ce travail de l’agence se développe autour de l’approche One Health afin de faire face aux défis lancés par les nouvelles maladies. L’homme et l’animal partageant le même environnement, les enjeux liés à la santé des deux mondes coïncident forcément.
C’est à travers les projets qu’elle finance que l’agence oriente la stratégie de recherche. Son objectif principal est « d’essayer de lancer des projets de recherche un peu structurants autour de la guérison du VIH par exemple via HIV cure ou la prévention des autres IST. On ne peut pas tout faire, il faut vraiment choisir les projets les plus importants pour permettre à la recherche d’avancer » précise encore l'infectiologue de l'hôpital Bichat.
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