Qu’ils ciblent l’enzyme intégrase, la protéase, la transcriptase inverse du VIH… Tous les antirétroviraux actuellement disponibles ciblent des composés produits par le virus.
Si les associations de traitements permettent aujourd’hui de réduire très efficacement la charge virale des patients, le traitement n’est pas curatif, car le fameux « réservoir à VIH » – cellules dans lesquels le virus a intégré le génome de l’hôte – ne peut être supprimé. Dès que le traitement est interrompu, on observe donc un rebond de la virémie.
Mais une société de biotechnologie Européenne, ABIVAX, a développé une molécule au mécanisme d’action inédit qui, dans les essais précliniques, a été capable d’induire une baisse de la charge virale, qui s’est prolongée longtemps après l’arrêt du traitement.
L’étude testant ce composé innovant, nommé ABX464, a été menée sur plusieurs sites, en France au Canada et en Suisse, sous la direction du Pr Jamal Tazi, de l’Institut de génétique moléculaire de Montpellier. Les équipes ont traité des modèles de souris infectées, pendant un mois. Ils ont constaté que 57 semaines après l’arrêt du traitement, la charge virale des animaux était encore indétectable. L’étude de phase I a également révélé que le produit était bien toléré chez l’homme, sans effets secondaires, jusqu’à une dose de 100 mg.
L’ARN viral bloqué dans le noyau
Le mécanisme d’action du ABX464 est décrit la revue « Retrovirology ». Cette molécule cible un complexe cellulaire qui intervient dans l’épissage, c’est-à-dire la maturation de l’ARN. Dans les cellules infectées par le VIH, le virus produit une protéine, Rev, qui détourne la machinerie à son propre avantage, pour faire passer l’ARN viral du noyau vers le cytoplasme, étape indispensable pour la réplication du virus et la production de nouvelles copies.
« ABX464 cible le complexe cellulaire, et le modifie de sorte que Rev ne peut plus interagir avec – il ne peut plus se servir de la machinerie de l’hôte. La réplication virale est ainsi bloquée, explique le Pr Tazi. Donc non seulement ABX464 empêche l’infection de nouvelles cellules, mais c’est aussi le seul produit à ce jour pouvant agir sur les cellules déjà infectées pour bloquer la synthèse de nouveau virus » – le réservoir à VIH est donc atteint. Le Pr Tazi renchérit : « En réduisant la charge virale de ce qui est déjà intégré dans les cellules, ont s’attaque au réservoir, on est donc en passe de produire une cure fonctionnelle ».
Ce dernier souligne qu’en ciblant un complexe cellulaire et non un des composés du virus, le VIH peut muter tant qu’il veut, le blocage de la réplication viral reste actif. Enfin, cerise sur le gâteau, ABX464 n’affecte pas les cellules saines, puisque la molécule bloque spécifiquement l’interaction entre le complexe d’épissage et la protéine virale Rev.
Face à un tel succès, une phase clinique IIa est déjà en route, pour étudier l’innocuité de la molécule chez des personnes infectées. Seront inclus 80 patients naïfs (déjà 50 l’ont été), avec des taux de lymphocytes CD4 supérieurs à 300 par mm3. D’après le Pr Tazi, les premiers résultats devraient arriver dans le courant de l’été.
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