UN AVION de papier comme un relais entre malades de différents pays, des enfants du Cambodge, du Népal ou de Zambie. Tel est le symbole de la campagne lancée aujourd’hui par UNITAID, le mécanisme international de financement crée en 2006, par les gouvernements de la France, du Brésil, de la Norvège et du Royaume-Uni. Cet événement international, dont la France a la primeur, se veut d’abord une campagne de remerciements : « Tous ceux qui décollent d’un aéroport français doivent savoir qu’ils contribuent directement à soigner des hommes, femmes et enfants qui souffrent de paludisme et des personnes atteintes par la tuberculose ou le VIH/sida », a expliqué Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes.
Durant tout le mois d’octobre et de novembre, un spot TV créé spécifiquement pour l’occasion sera diffusé sur les principales chaînes nationales (TF1, France 2, France 3, M6, TV5 Monde, France 24, Eurosport ... ), tandis que des affiches présentant les résultats atteints par UNITAID seront exposées à des endroits clés des principaux aéroports parisiens (Roissy Charles de Gaulle et Orly). Un site Internet dédié sera relayé par de nombreux autres sites en France et dans le monde (www.unitaid.eu/thankyou).
Une taxe dans 12 pays.
Depuis sa création en 2006, l’initiative lancée par Jacques Chirac, alors président de la République, et quatre autres pays fondateurs, le Brésil, le Chili, la Norvège et le Royaume-Uni, a connu un certain nombre de succès. Comme la France, 11 pays (Bénin, Burkina Faso, Chili, Congo, Guinée, Côte d’Ivoire, Madagascar, Mali, Maurice, Niger, République de Corée du sud) ont mis en place une « taxe » sur les billets d’avion, qui fournit aujourd’hui 70 % des sommes déjà engagés par l’organisation pour fournir les diagnostics et les traitements contre le VIH/sida, le paludisme aux malades de 93 pays à revenus faibles ou intermédiaires.
En dépit de sa modestie, la contribution sur les billets d’avion a permis de changer le quotidien de millions de personnes : 40 euros sur un billet de classe affaires ou de première classe sur un vol international en France permettent de financer le traitement d’un enfant séropositif pendant une année entière (la contribution pour un vol intérieur ou européen est de 1 euro pour la classe économique et de 10 euros pour la classe affaire) ; 16 euros (ou 24 dollars) suffisent à soigner un adulte avec un traitement de première ligne contre la tuberculose ; 1,30 euros (2 dollars) permet de soigner deux enfants du paludisme.
D’autres pays, comme le Brésil, Chypre, le Luxembourg, l’Espagne et le Royaume-Uni ont choisi de contribuer à UNITAID par l’intermédiaire d’une contribution pluriannuelle tandis que la Norvège alloue chaque année une partie de sa taxe sur les émissions de dioxyde de carbone.
L’initiative a déjà permis d’engager près de 1 milliard de dollars dans des projets mis en uvre par ses partenaires. Trois-quarts des enfants traités contre l’infection à VIH (10 % de ceux qui en auraient besoin) le sont ainsi grâce à la fondation Clinton. Par l’intermédiaire d’UNICEF et de du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, 8 millions de traitements combinés à base d’artémisinine et 20 millions de moustiquaires contre le paludisme ont pu être distribués. UNITAID participe également à hauteur de 130 millions de dollars à l’Initiative Médicaments accessibles contre le paludisme (AMFm, Affordable Medicines Facility for Malaria) et de 200 millions de dollars pour la lutte contre la tuberculose auprès du Partenariat Halte à la tuberculose.
Contexte de crise.
« Notre campagne vise à porter un message : regardez ce que nous déjà parvenus à réaliser, rejoignez-nous à cet effet », a souligné Jorge Bermudez, secrétaire exécutif d’UNITAID. Si elle vise à remercier ceux qui contribuent à la lutte, la campagne entend également encourager plus de pays à le soutenir. Quelques pays ont déjà signé un engagement à soutenir l’initiative (Cameroun, République centrafricaine, Gabon, Libéria, Maroc, Namibie, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Afrique-du-sud et Togo), ce qui porte à 29 le nombre de contributeurs actifs ou à venir. Compte tenu de l’enjeu, ce nombre reste modeste, ce d’autant que la crise financière pèse sur les gouvernements qui ont tendance à réduire la part qu’ils allouent à l’aide au développement. Des associations (ACT UP Paris, AIDES, Sidaction, Solthis, Solidarité sida) se sont récemment émus de la baisse de la contribution française à UNITAID, « de 30 % en 2009 par rapport à 2008 (110 millions d’euros au lieu de 160) », affirment-elles dans une lettre adressée au président de la République. « La Facilité internationale d’achat de médicaments est nécessaire pour contribuer à empêcher les arrêts de traitements que la crise économique va engendrer dans les prochains mois », soulignent-elles encore.
Pour contrer l’effet de la crise, la Fondation du millénaire pour les financements innovants pour la santé a annoncé la semaine dernière, en marge de l’Assemblée mondiale de l’ONU, le projet d’une collecte de fonds via internet baptisé « Massive Good » (Faire le bien à grande échelle). Les internautes peuvent rejoindre le mouvement sur Facebook avant le lancement officiel du projet en 2010, qui permettra à chacun de faire une microcontribution de 2 euros lors de l’achat d’un billet d’avion. « Changer le monde d’un seul clic », tel est le slogan de la Fondation présidée par Philippe Douste Blazy, par ailleurs conseiller spécial des Nations Unies sur les financements innovants pour le développement et président d’UNITAID, qui devrait être le principal bénéficiaire de cette contribution citoyenne.
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