DES CYCLES COURTS et répétés d’antiviraux efficaces pourraient représenter une stratégie permettant de réduire l’exposition des patients aux produits et donc les effets secondaires, de réduire les coûts pour les patients aux ressources limitées et dans les pays défavorisés.
C’est l’équipe de l’hôpital Raymond-Poincarré à Garches, conduite par le Pr Jacques Leibowitch, qui a évalué l’efficacité de prises intermittentes d’antirétroviraux, chez 48 patients sélectionnés pour leur bonne observance aux traitements et aux évaluations, et leur consentement à suivre un protocole en dehors des recommandations.
On leur a proposé de réduire leur rythme de traitement pour le prendre pendant 5 jours consécutifs par semaine, puis, après confirmation de la suppression de l’activité du VIH, pendant 4 jours, puis pour certains pendant 3 jours (n = 39) et pour un petit groupe pendant 2 jours par semaine (n = 12). Les patients ont été traités pendant trois ans et demie en moyenne.
Initialement, les 48 patients avaient un traitement HAART (traitement antirétroviral hautement actif) choisi en fonction des recommandations, à prendre tous les jours de la semaine. Pour 91 %, le traitement comportait deux inhibiteurs de la transcriptase inverse (emtricitabine + ténofovir) ; 32,4 % étaient combinés avec l’éfavirenz ; 35,6 % avec un inhibiteur de protéase boosté par le ritonavir. Douze des 48 patients ont conservé la même combinaison (triple ou quadruple) pendant toute la durée des observations. Les 36 autres ont pris deux combinaisons différentes ou davantage.
La réplication virale a été évaluée au minimum 4 fois par an et jusqu’à 2 fois par mois pour les patients recevant des schémas thérapeutiques avec deux ou trois prises par semaine.
La charge virale est demeurée constamment indétectable chez tous les patients ayant les schémas de 5 ou 4 jours par semaine, pendant une moyenne de 50 ± 40 semaines/patient (5 j/sem) et 84 ± 46 sem/pt (4 j/sem).
Chez les 39 patients ayant des prises pendant 3 jours consécutifs par semaine, 35 ont eu un contrôle soutenu du VIH pendant une moyenne de 50 ± 32 sem/pt, tout comme 10 des 12 patients du groupe 2 j/sem pendant 24 ± 32 semaines.
VIH plasmatique indétectable.
« En résumé, sous des schémas thérapeutiques intermittents comportant des prises pendant 5 jours par semaine ou moins, le VIH plasmatique est demeuré indétectable pendant un nombre cumulé de 8 895 semaines (170 patient année). Les combinaisons thérapeutiques choisies pour réaliser cette étude, sélectionnées parmi un choix de combinaisons puissantes validées, a eu un effet suffisant sur l’activité du VIH pour obtenir cela. »
Le nombre des CD4 s’est accru (nombre absolu et pourcentage) pendant toute la durée du traitement donné 7 jours par semaine (p = 0,02). Cet accroissement s’est ensuite poursuivi dans tous les groupes de traitements intermittents.
Il n’y a pas eu d’événement clinique majeur associé au VIH.
Six des 48 patients ont présenté un échec virologique, consistant en une virémie supérieure à 40 copies/ml lors de deux prises consécutives. Une nouvelle mutation a été observée chez l’un d’entre eux. Trois causes d’échec ont été identifiées : une mauvais observance, une réduction d’un des produit composant le traitement et une posologie insuffisante.
Ce sont ainsi « entre 150 jours et 260 jours d’antirétroviraux annuels non pris par ces 48 patients », soulignent Leibowitch et coll. « Dans notre étude, 26 569 jours d’antiviraux ont été épargnés, correspondant à l’économie de 800 000 euros des fonds publics. »
« Le consensus établi en matière de traitements anti-VIH n’est pas prêt de s’évanouir pour autant. Pour mettre les pendules anti-VIH à l’heure des traitements intermittents, il faudra un pesant de preuves savantes avant que le concept " Intermittents, en Cycles Courts, les Anti Rétroviraux restent Efficaces " (ICCARE) trouve sa place dans l’arsenal thérapeutique académique. »
FASEB Journal, 26 janvier 2010.
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