« L’AFRIQUE sub-saharienne est en train de perdre la guerre contre le VIH/SIDA », écrivent Kari Stoever et coll. dans une lettre au Lancet (1). « Bien que le nombre de décès liés au sida a décliné entre 2005 et 2007, passant de 2,2 à 2 millions, rien que pour l’année 2007 plus de 2,7 millions de personnes ont été contaminés par le VIH. » Cela n’est probablement plus clair nulle part ailleurs qu’au Mozambique où près de 700 millions de dollars ont été consacrés au sida depuis 2004, où 1,6 million de personnes sont infectées (il y en avait 1,1 million en 2001) et où 450 personnes sont contaminées chaque jour. Dans le sud de l’Afrique, 57 % des jeunes gens infectés sont des femmes ; et dans de nombreuses zones rurales, pour 1 homme positif pour le VIH il y a entre 1,3 et 6,4 femmes positives.
Quelles sont les raisons de ces taux d’infection chez les femmes ? Y a-t-il des causes sexuelles ? On sous-estime la responsabilité de Schistosoma hæmatobium, qui vit dans les vaisseaux sanguins entourant la vessie et dont les ufs touchent le système urinaire et l’appareil génital. Environ 75 % des femmes qui présentent une schistosomiase urinaire développent des lésions irréversibles de la vulve, du vagin, du col utérin ou de l’utérus, ce qui crée des points d’entrée pour le VIH. D’ailleurs, des travaux conduits au Zimbabwe montrent que les femmes porteuses d’une schistosomiase urinaire ont un risque multiplié par trois d’être contaminées par le VIH.
Traiter l’infection parasitaire précocement par le praziquantel constitue un moyen de protéger les filles contre la morbidité liée au schistosome et contre le VIH. Un traitement périodique et régulier par praziquantel des enfants dès la première infection devrait prévenir le développement de lésions génitales. Cela est particulièrement vrai au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi, où il existe un chevauchement des cas de schistosomiase et de VIH/sida.
La reconnaissance d’une co-endémicité VIH et S. hæmatobium pourrait avoir un effet immédiat sur la santé et la vie future de millions de filles et de jeunes femmes, soulignent les auteurs. « Dans leurs efforts pour favoriser l’accès aux antirétroviraux dans les zones où la schistosomiase est co-endémique, les organisations et les gouvernements ont un devoir éthique de fournir parallèlement un accès au praziquantel. Si l’on ne saisit pas maintenant cette opportunité, une nouvelle génération de filles d’âge scolaire et d’adolescentes continueront à être à risque élevé de succomber au VIH », concluent-ils.
(1) The Lancet du 13 jun 2009, p. 2025-2026.
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