Le projet « parcours éducatif en santé de la maternelle au lycée par le médecin traitant de l’enfant » prévoit que médecin généraliste traitant, pédiatre traitant et l’Éducation nationale doivent mener la prévention contre les addictions chez l’adolescent. Sans doute, pour le gouvernement, l’adolescent en extase devant « la bonne parole du médecin traitant » ne peut que se remettre en question et être convaincu d’arrêter de fumer du cannabis. « Bonne parole » qui ne sera transmise au maximum que deux fois par an, l’adolescent étant peu malade et l’obligation des certificats médicaux se réduisant. Nos gouvernants croient-ils aux miracles ?
Quelques aberrations :
- un Programme national de réduction du tabagisme chez les adolescents, mais pas de programme prévu pour ce fléau déferlant qu’est le cannabis, plus dangereux et plus nocif à court terme que le tabac. Ne parle-t-on pas de dépénaliser voir de légaliser le cannabis ! Les marchands de tabac pourront-ils se recycler dans le cannabis ?
- « En CM2, les enfants d’ouvriers sont 10 fois plus touchés par l’obésité que les enfants de cadre. » Le projet prévoit également que cette prévention est sous la responsabilité du médecin traitant et de l’Éducation nationale qui doivent éduquer l’enfant ou l’adolescent sur ses besoins nutritionnels. Mais n’existe-t-il pas une corrélation entre la qualité nutritionnelle de l’alimentation absorbée par les enfants et le salaire des parents ? Le gouvernement fait-il volontairement abstraction de cette interdépendance, et/ou la ministre de la Santé espère que les médecins et professeurs partageront leurs honoraires et salaires avec les plus démunis ?
Il serait temps de retrouver du bon sens !
Du siroc au scirocco, évolution de la langue, qu’y disent
Au XVIIIe, on nommait le vent chaud venu d’Afrique, le siroc. Au XXe, un quidam apprit que les Italiens le nommaient siroco, aussitôt repris par les bobos avides du changement pour le changement, surtout quand il vient de l’étranger*. Le torpilleur Siroco fut coulé devant Dunkerque en juin 1940, Laborit était son médecin-major. Il y a peu, on réalisa qu’ils l’écrivaient sirocco, va pour sirocco dirent les moutons. Enfin, une marque de voitures vient d’apprendre que les Allemands l’écrivaient scirocco et en a donné le nom à une belle cylindrée. Elle étalera la nouvelle** orthographe qui s’imposera à son tour. On pourra encore doubler le r. Difficile de l’alourdir plus. Revenons à siroc. Entre deux mots choisir le moindre (Paul Valéry).
C’est au siècle des Lumières qu’on a pris la mode d’étrangiser les mots, le premier fut brasière luxé par braséro en 1727. Avant, on francisait même les noms propres : Malbroucq, Vestmoutiers, Lampédouse, Brindes, Philippe V… Avant c’était un par dix ans, aujourd’hui c’est cent par jour. La surdose.
* Les Français sont des moutons avides de gonfler leurs voiles aux vents étrangers (Charles de Gaulle, coagulé).
** La nouvelleté, mon bon monsieur, c’est vieux comme le monde la nouvelleté (Jacques Prévert)
L’émir et l’attente aux urgences
Certains membres du monde médical ont été choqués par les conditions d’hospitalisation d’un émir qui avait obtenu en plus de sa chambre huit autres pièces destinées à ses accompagnants, une faveur qui n’est pas habituellement accordée à l’usager moyen que certains appellent encore un « assujetti » au régime de la Sécurité sociale.
On ne peut ici voir la réminiscence du temps où nos établissements prenaient le nom d’hospices, là où l’on hébergeait les pauvres, réservant le qualificatif d’Hôtel-Dieu pour l’endroit où l’on soignait les malades. Pourtant, la dimension hôtelière de nos établissements de santé, publics ou privés n’a pas été totalement abolie et il ne choque personne que l’accompagnant d’un malade, surtout s’il s’agit d’un enfant puisse partager sa chambre, en général dans des conditions de confort minimales. Certains croient même se rappeler le temps où un étage de l’hôpital Cochin avait été neutralisé lors de la prostatectomie du Général de Gaulle, mais l’affaire avait été présentée comme une mesure de sûreté, non comme l’hébergement de sa « suite ». Ce qu’il y a de nouveau dans cette affaire, c’est qu’elle serait désormais théorisée par des responsables administratifs qui voudraient en faire une ressource d’appoint pour les hôpitaux.
Bien qu’on ait pris le soin de nous expliquer que l’affaire s’était passée au moment des congés où l’hôpital est relativement en moindre tension, il n’en reste pas moins qu’au même moment dans d’autres hôpitaux, à tout le moins, des urgentistes cherchaient en vain des lits pour des malades qui s’entassaient dans leurs locaux pendant des heures, le temps de leur trouver un lit d’accueil plus ou moins conforme à leur pathologie, et cette situation, par sa récurrence, laisse penser qu’elle pose un problème qu’on ne veut pas résoudre.
Le temps n’est plus où Simone Veil (deuxième ministère 1974-1979) déclarait qu’il y avait 40 à 60 000 lits de trop dans les hôpitaux. (...) Les établissements publics de santé sont désormais payés aux missions accomplies à travers la T2A et non au nombre de lits : pourquoi pas, si cela correspond à une gestion correcte des ressources, mais, en tout état de cause, non si cela revient à un rationnement de celles-ci, résultat constaté de fait, malheureusement. (...) Cette vision comptable de l’hospitalisation a eu pour résultat final un entassement des malades aux urgences et l’ouverture de suites pour émirs. (...) Le refus de reconnaître une existence nécessaire aux lits vides est à la source du scandale permanent de cet entassement. La crispation tout aussi permanente sur le numerus clausus qui détourne des vocations à soigner, et même la gestion des parkings autour des hôpitaux, tout cela participe d’un mauvais fonctionnement de l’administration. À la limite, on pourrait parler de mise en danger de la vie d’autrui. A partir de là, tous les dévoiements sont possibles, du marché noir des services qui cachent leurs lits, au coupe-file financier de l’émir. La gestion tendue des lits fait la honte des hôpitaux, comme celle des places dans les prisons, avec cette différence qu’aucun émir n’y réservera plusieurs cellules à l’usage de sa suite.
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