ON CONNAÎT la nature du problème, mais pas vraiment ses raisons. Il était logique d’incriminer la formation professionnelle, très coûteuse en France, mais qui ne produit pas des résultats conformes aux sommes investies par l’État. Il n’en serait rien car, le plus souvent, un jeune à la recherche d’un emploi stable et suffisamment rémunéré a fait de nombreux stages formateurs (très mal payés) et on dénombre des milliers de jeunes munis d’un bon diplôme qui sont au chômage.
On les craint, on ne fait rien pour eux.
En période de croissance, les jeunes, déjà, n’étaient pas à la noce. La crise semble avoir détruit leurs espoirs les plus raisonnables. Compte tenu de la violence de la récession, il n’est pas étonnant que des entreprises qui licencient, parfois massivement, refusent d’embaucher ceux qui se présentent pour la première fois sur le marché du travail. Pour le gouvernement, ce n’est pas seulement un problème social, c’est aussi un danger politique. Le risque d’un conflit de générations, entre retraités vivant dans le confort et des jeunes rejetés par la société, est considérable. Un syndicat parle déjà, à propos de certaines manifestations, de « situation insurrectionnelle ». On craint le pire des jeunes, mais on ne fait rien pour les soustraire à ce purgatoire pendant lequel la communauté nationale ne leur propose rien d’autre que de galérer sans être vraiment payés.
Dans le plan de M. Sarkozy, la principale mesure consiste à accorder des avantages financiers (irrésistibles ?) aux entreprises qui recrutent des apprentis ou recrutent un jeune en contrat de professionalisation (au total, 430 000 postes de travail). Mais rien ne prouve qu’une entreprise dont le carnet de commandes est vide voudra bénéficier de l’aubaine. Les contrats Initiative Emploi seront doublés à 100 000, les collectivités locales seront incitées à embaucher des jeunes en contrats-« passerelles ». Toute entreprise qui, avant juin 2010, embauchera un jeune, ne payera aucune charge. Le chef de l’État, qui généralise ainsi un dispositif naguère réservé aux entreprises de moins de dix salariés, estime que ce système massif est simple et produira beaucoup d’emplois. Enfin, tout stage d’une durée supérieure à deux mois devra être payé. Dans ces diverses dispositions, qui devraient coûter un 1,3 milliard d’euros au total, il y a un aveu : la réticence est telle à recruter un jeune, comme si les chefs d’entreprise éprouvaient une aversion particulière pour cette démarche, qu’il faudrait assortir l’embauche d’un jeune d’une récompense.
Le refus du « salaire-jeune ».
Le chômage des jeunes ne date pas d’hier, mais il s’aggrave au point de poser, parmi d’autres, un sérieux problème de société. D’Édouard Balladur à Dominique de Villepin, toutes les tentatives pour créer un salaire intermédiaire entre zéro euro et le SMIC ont été accueillies par des manifestations énormes et les anciens Premiers ministres qui se sont risqués à créer un « salaire-jeune » ont été contraints de reculer. 434 000 jeunes étaient inscrits au chômage le mois dernier et ce nombre pourrait atteindre 650 000 avant la fin de l’année, sans compter ceux qui ne déclarent pas leur situation parce qu’ils savent qu’ils n’ont droit à aucune indemnité. Au sort spécifique réservé à tous les jeunes du pays, s’ajoutent, dans les cités, les difficultés liées à l’intolérance ou à la simple méfiance. Le taux de chômage des 15-24 ans évolue, depuis trente ans, entre 15 et 23 %. La croissance et une baisse relative de la démographie l’avaient ramené au-dessous de 20 % en 2008. Mais au quatrième trimestre de la même année, il est repassé au-dessus de cette barre.
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