HÉMORRAGIES, infections, ruptures utérines, éclampsies et rétentions placentaires : ces diverses complications de la grossesse et de l’accouchement entraînent plus de 2000 décès par an au Burkina Faso, estime le rapport « Donner la vie, risquer la mort », présenté aujourd’hui par Amnesty International. Des décès qui pourraient être évités.
Dans ce pays parmi les plus pauvres du monde (classé au 177e rang sur 182), les quatre missions de recherche effectuées par l’association ont analysé une cinquantaine de cas de décès pour identifier les facteurs structurels qui empêchent les femmes de bénéficier d’une prise en charge adaptée : manque de centres de santé d’une qualité adéquate en particulier dans les zones rurales, pénurie de matériels médicaux, obstacles géographiques et financiers à l’accès aux soins, insuffisance d’encadrement du personnel médical, statut de la femme (lévirat, mariage précoce et/ou forcé, excision, réticence pour envoyer les filles à l’école, grossesses précoces, taux de fécondité élevé, absence de pouvoir féminin de décision...).
Maltraitances.
Un facteur aggravant est relevé au sujet des soignants, dont les comportements peuvent être, selon le rapport, « irrespectueux et parfois même cruels ». Un certain nombre de mères déclarent avoir été victimes de désinvolture, de négligence et même de violence dans les centres de soins. Des femmes rapportent qu’elles ont été insultées et pincées aux cuisses, giflées ou frappées pour les forcer à obéi pendant le travail. Certaines affirment avoir été laissées seules pendant des heures. D’autres décrivent des traitements brutaux, douloureux et dégradants pendant les examens médicaux et l’accouchement, ainsi que des insultes du personnel médical si elles exprimaient leur crainte ou leur souffrance.
Plusieurs médecins ont confié aux enquêteurs d’Amnesty qu’ils étaient au courant de ces pratiques dont la fréquence est difficile à évaluer. Alors que les autorités estiment qu’il s’agit de cas isolés, le rapport déplore l’absence de toute sanction disciplinaire.
Dans ses recommandations, l’association appelle les autorités burkinabés, et au premier chef le ministère de la Santé, à « remplir leurs obligations, qui lui imposent de respecter, protéger et promouvoir le droit à la santé », avec une répartition équitable des centres de soins et des produits et services de santé. Amnesty demande également au gouvernement de garantir l’accès à l’information sur les droits en matière de sexualité et de reproduction tout en s’attaquant à la discrimination à l’égard des femmes. Avec pour slogan « Exigeons la dignité », une caravane de sensibilisation va sillonner le pays à partir de demain et jusqu’au 9 février, en proposant aux populations des films, des pièces de théâtre et des événements sportifs autour de ces thématiques.
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