Les annonces du Premier ministre sur l'immigration ne passent pas auprès du corps médical. L'une d'elles fait l'objet d'une vive opposition : la mise en place d'un délai de carence de 3 mois pour l'accès à la protection universelle maladie (PUMa) par les demandeurs d'asile. Jusque-là, ces derniers pouvaient en bénéficier dès l’enregistrement de la demande d’asile.
« L’institution ordinale ne peut que mettre en garde sur les risques d’une telle décision en matière de santé individuelle pour cette population, mais aussi en matière de santé publique à l’échelle nationale », alerte le Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM).
Expansion des maladies infectieuses
L'Union syndicale des médecins de centre de santé (USMCS), qui dénonce « une atteinte intolérable et ignominieuse à l'accès aux soins pour des populations démunies », abonde en ce sens : « Il est en effet démontré que soigner, dépister, vacciner sans délai des patients étrangers nouvellement arrivés sur le territoire est une protection pour toute la population ».
Le syndicat des médecins généralistes, MG France, affirme que « laisser sans diagnostic et sans soins des personnes potentiellement malades, c’est favoriser l’expansion des maladies infectieuses et aggraver les pathologies psycho-traumatiques ».
Dix associations* sont elles aussi montées au créneau, craignant une aggravation de l'état de santé des demandeurs d'asile. Elles estiment que cette mesure « entraînerait également des prises en charge à un stade plus avancé de leur pathologie qui devra être traitée par les urgences, déjà saturées ».
Quelles conséquences sur l'exercice des médecins ?
Le CNOM et l'USMCS rappellent que les médecins sont tenus de soigner tout un chacun, sans distinction aucune, par le serment d'Hippocrate. « Confrontés à ces patients qui auront besoin de soins, la déontologie des médecins généralistes conduira à les recevoir gracieusement, et à leur prescrire des examens complémentaires ou des traitements qui ne pourront pas être entrepris », avance également MG France.
Le CNOM attend ainsi « une clarification sur les conséquences à venir dans l’exercice professionnel des médecins et pour la sécurité sanitaire de toute personne vivant sur notre territoire ». MG France, l'USMCS et les 10 associations vont plus loin et exhortent le gouvernement à renoncer à ce projet.
Un projet justifié par « la lutte contre les abus concernant notre système social ou l’accès aux soins » par Édouard Philippe. Le syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) dénonce « une économie budgétaire immédiate ridicule avec un risque d’augmentation retardée de frais de santé ».
*Médecins du Monde, AIDES, Emmaus France, Gisti (groupe d’information et de soutien des immigrés), La Cimade, UNIOPSS, Médecins sans frontières, Fédération des acteurs de la solidarité, Sidaction et France Assos Santé
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