Les assises 2012 de la fondation PremUp se tiennent aujourd’hui à Paris, au Palais du Luxembourg sur le thème la bientraitance du nourrisson. Trois tables rondes sont consacrées au stress induit par la prématurité, aux soins de développement et à la place des parents et leur influence dans la prise en charge.
« Les sources de stress sont multiples, elles sont liées à la maladie, à l’environnement, à la douleur, à la séparation parentale », souligne le Pr Olivier Baud, chef de service de réanimation et pédiatrie néonatales de l’hôpital Robert-Debré. Il existe une palette de réponses, en fonction du type de stress. « On a de plus en plus les moyens de quantifier la douleur, et de la séparer de l’inconfort, et nous avons différents paliers de traitement antalgique », poursuit-il. « On ne peut pas suppléer à toutes les sources de stress », poursuit le Pr Jarreau, chef du service de médecine néonatale de l’hôpital Cochin - Port-Royal. « Mais en ce qui concerne le bruit et la lumière, on peut le prendre en compte dans le déroulement des soins. »
Douleur et sources de stress.
La douleur de l’enfant prématuré n’a pas toujours été prise en considération, c’est une autre évolution importante pour le Dr Claude Danan, chef de service de la réanimation néonatale du CHI Créteil. « On faisait de nombreux prélèvements sur le bébé, sans se préoccuper trop de la douleur », précise-t-il. « Aujourd’hui, on ne fait de tels prélèvements sur les enfants que de manière tout à fait exceptionnelle. »
Les soins de développement, qui font l’objet de la deuxième table ronde, ont pour objectif principal de favoriser les rythmes biologiques normaux, indépendamment des soins qu’on lui apporte, et de lui éviter au maximum les stress liés à la douleur, au bruit, ou encore à la lumière, pour en limiter les impacts. La naissance prématurée induit des stimulations nociceptives et sensorielles inhabituelles par rapport à l’environnement intra-utérin normal. « Ces différentes sources de stress peuvent avoir d’importantes conséquences à long terme sur certaines réactions hormonales et un fort impact sur la réparation de lésions cérébrales liées à la grande prématurité », précise le Pr Baud. L’ensemble des pratiques de soins de développement permettent aujourd’hui la participation des parents aux soins et « favorisent un attachement parents/enfant de meilleure qualité », indique-t-il.
Confiance au bébé.
La place des parents dans les services de néonatologie a évolué, et est très différente selon les pays et les cultures. « Les parents ont une influence sur le soin, cela n’a pas toujours été comme ça », souligne le Pr Baud. « Dans l’ère pionnière, on copiait un peu la façon de soigner les adultes. Le métier a évolué, en inventant avec les parents des façons de faire, en ne restant pas obtus dans nos dogmes. » Pour le Pr Jarreau, il ne faut pas non plus tomber dans l’excès inverse. « Lorsque je vois des parents épuisés, je leur dis de prendre un week-end, ce n’est pas évident d’être là tous les jours », explique le spécialiste. « Il faut les laisser entrer s’ils le veulent, mais ce n’est pas forcément une solution absolue pour eux. » La présence des parents a donc changé la pratique médicale, mais elle influe également sur l’organisation du service, et le travail des infirmiers. « Cela implique un travail différent, plus tourné vers les parents, et donc une charge de travail plus importante », reprend le Pr Baud.
La pratique évolue constamment dans les services de néonatologie, et les médecins doivent modifier leur vision des choses. « Nous sommes passés à une ère où nous faisons beaucoup plus confiance au bébé », explique le Dr Claude Danan, chef de service de la réanimation néonatale du CHI Créteil. « C’est très habituel aujourd’hui de voir un bébé de 500 ou 600 grammes qu’on laisse respirer tout seul. Cela a été une révolution difficile à mettre en œuvre. »
La fondation PremUp est une institution de recherche et de soins dédiée à la naissance, créée en 2007 à l’initiative des ministères de la Recherche et de la Santé. Ses membres fondateurs sont l’INSERM, l’AP-HP, le centre hospitalier intercommunal de Créteil et sept grandes universités franciliennes. L’organisme qui a le statut de fondation de coopération scientifique, est reconnu d’utilité publique. Le pôle de soins est constitué actuellement de six centres périnatals franciliens de type III, qui prennent en charge chaque année environ 20 000 naissances (Maternités et services de néonatalogie du centre hospitalier Cochin Port-Royal, des hôpitaux Robert Debré, Antoine-Béclère/ Clamart, Arman-Trousseau, Kremlin-Bicêtre et du centre hospitalier intercommunal de Créteil). Quelque 200 chercheurs animent le pôle recherche axé sur les connaissances scientifiques sur la mère et l’enfant avec des travaux sur les aspects psychoaffectifs de la prématurité, sur la neuroprotection (essai clinique sur la mélatonine), sur le dépistage précoce des lésions cérébrales du prématuré (imagerie médicale) et sur les causes et les conséquences des naissances avant terme (étude observationnelle Epiphage 2).
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