Pour la première fois, un anticorps monoclonal anti-amyloïde A bêta a un effet à la fois sur les plaques amyloïdes et sur le déclin cognitif chez des patients au stade précoce de la maladie d'Alzheimer.
Ces résultats sont d'autant plus encourageants que la plupart des molécules de cette classe médicamenteuse se sont révélées décevantes.
Dans une petite étude de phase Ib (165 patients) publiée dans « Nature », l'équipe helvético-américaine dirigée par Alfred Sandrock (Biogen, Massachusetts) et Roger Nitsch (Neurimmune, Zurich) montre que l'aducanumab administré en intraveineux une fois par mois pendant 1 an fait disparaître les plaques amyloïdes et ralentit le déclin cognitif.
L'argument massue de l'effet dose-réponse
« L'effet dose-réponse de l'aducanumab est très net, estime le Pr Bruno Dubois, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP, Paris). Ce phénomène est constaté très tôt à 6 mois et perdure à 1 an. C'est un argument puissant et cohérent. » Si ces résultats venaient à être confirmés, l'hypothèse amyloïde dans la maladie neuro-dégénérative serait validée.
La prudence reste néanmoins de mise. Ces résultats connus depuis plus d'un an et « accueillis très positivement par la communauté scientifique et médicale » ont été publiés tardivement, indique le neurologue parisien. Ce dernier met en avant la nécessité de poursuivre l'évaluation de l'aducanumab dans de plus grandes études et à plus long terme.
Autre réserve, l'anticorps globalement bien toléré peut entraîner la survenue d'effets secondaires dits « ARIA » (pour amyloid-related imaging abnormality). « Il s'agit d'un œdème cérébral localisé qui régresse en diminuant la dose administrée, explique le Pr Dubois. L'enjeu sera de donner la dose maximale de la molécule, en restant en dessous de celle entraînant l'effet ARIA. »
Les études cliniques ciblent le stade précoce
Jusqu'à présent, seul un anticorps monoclonal anti-amyloïde, le solanezumab, a montré un effet sur le déclin cognitif là aussi dans une forme peu avancée, chez des patients dits « prodromaux », mais sans avoir d'effet sur les plaques amyloïdes.
L'ensemble de ces résultats encourageants au stade précoce de la maladie valident l'approche défendue dans les récentes recommandations de l'International Working Group (IWG) et de l'American Alzheimer's Association sous la coordination du Pr Dubois. « L'idée est qu'il y a davantage de chances d'arriver à guérir en intervenant le plus tôt possible et en anticipant la survenue de symptômes. C'est un changement de concept », développe-t-il.
Le développement clinique est désormais axé sur le stade précoce de la maladie. Pour le solanezumab, qui est un peu en avance, une 2e étude confirmatoire est en cours avec des résultats attendus début décembre 2016. Pour l'aducanumab, deux grandes études de phase III viennent d'être lancées dans 300 centres de 20 pays à travers le monde (Amérique du Nord, Europe, Asie).
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