En 2013, la France a connu 31 346 décès par accident vasculaire cérébral (AVC), dont 58,5 % concernaient des femmes (18 343), relate le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH), daté du 21 février. Les AVC sont ainsi la première cause de mortalité féminine, devant le cancer du sein, et la troisième chez les hommes (13 003 décès), derrière le cancer du poumon et les causes externes (accidents de transport, suicides). À l'échelle mondiale, les AVC auraient entraîné près de 6,5 millions de décès (deuxième cause d'années de vie perdues).
L'âge moyen au décès progresse : il était de 85,1 ans pour les femmes en 2013 contre 83,7 ans en 2008, et de 79,4 ans chez les hommes, contre 77,7 ans. Près de 5 % des femmes et 12 % des hommes décédés avaient moins de 65 ans.
Une diminution de la mortalité 13 % entre 2008 et 2013
Le taux de mortalité par AVC a diminué de 13,1 % entre 2008 et 2013, pour les deux sexes, dans le prolongement de la baisse observée entre 2000 et 2006 (- 23 %) en France, mais aussi dans le monde. Cette diminution est plus prononcée chez les moins de 65 ans (- 15,1 %) et les hommes (pour cette tranche d'âge, leur mortalité baisse de 15,5 % vs 13,8 % pour les femmes) ; à l'inverse, elle est moindre chez les plus de 65 ans (- 12,9 %). Les auteurs Camille Lecoffre (Santé publique France) et coll. observent en revanche une stagnation chez les femmes de 45 à 64 ans (en lien sûrement avec le tabagisme), et chez les plus de 85 ans, tout sexe confondu.
D'importantes disparités géographiques existent, avec des taux de mortalité par AVC très élevés dans les quatre régions ultramarines (la Réunion et la Guyane devant, avec 73,8 et 72/100 000), et dans les Hauts-de-France (52,5/100 000) et en Bretagne (50,4/100 000). Au contraire, l'Île-de-France affiche les taux les plus bas (35,9/100 000).
Augmentation des AVC ischémiques chez les moins de 65 ans
Eu égard à la stabilité de l'incidence, cette diminution de la mortalité s'explique par la baisse importante de la létalité hospitalière, de 11,1 % entre 2008 et 2014 (notamment pour les AVC ischémiques, - 12,5 % vs - 5,4 % pour les AVC hémorragiques). En 2014, 110 438 patients ont été hospitalisés pour AVC (et 32 632 pour AIT), contre 97 000 en 2008.
Ces progrès s'expliquent, selon les chercheurs, par la structuration de la filière AVC (plan d'actions national 2010-2014), le développement des unités neuro-vasculaires (UNV) et l'évolution des techniques médicales (allongement du délai d'administration de la thrombolyse intraveineuse). Autre facteur : le développement de la rééducation en soins de suite et de réadaptation (SSR) et l'amélioration des thérapeutiques visant à réduire le risque de récidive d'AVC et de décès.
Mais les AVC ischémiques chez les moins de 65 ans suivent une courbe inquiétante : entre 2008 et 2014, le taux de patients hospitalisés pour AVC ischémique a augmenté de 14,3 % dans cette tranche d'âge, tandis qu'il a baissé de 2,1 % chez les plus âgés. Les AVC hémorragiques voient leur taux peu évoluer (+ 2 %).
Les causes de l'augmentation des AVC ischémiques chez les plus jeunes sont multiples, lit-on : augmentation de la prévalence des facteurs de risque vasculaire (diabète, obésité, tabagisme, cannabis, alcoolisations ponctuelles), mais aussi recours aux drogues récréatives, pollution de l'air… Et amélioration du diagnostic grâce aux progrès médicaux.
Les auteurs pointent aussi de fortes disparités régionales dans l'accès aux UNV : moins d'un patient sur deux y était hospitalisé en 2014, avec des délais d'accès très variables.
En conclusion, ils appellent à intensifier les campagnes de prévention de l'hypertension artérielle, du tabagisme, de la sédentarité, à développer les approches globales (intégrées aux programmes de prévention des maladies chroniques, par exemple) et à mieux connaître l'étiologie des AVC ischémiques chez les jeunes, différente de celle des sujets âgés. Et d'alerter sur le problème de santé publique que devient l'AVC, entre relative stabilité de l'incidence et vieillissement de la population.
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