UN COUP À DROITE, un coup à gauche. Ainsi vogue le navire du gouvernement. M. Besson est sûrement satisfait de son coup d’éclat, des acclamations qui l’ont suivi, surtout à gauche, de l’importance croissante qu’il a acquise au sein de l’exécutif, cette fois en portant un coup de Jarnac à son prédécesseur, Brice Hortefeux, qui a défendu l’idée des tests ADN et qui, aujourd’hui, est embringué dans une affaire où il est accusé de racisme. Message de M. Besson : cela ne risque pas de m’arriver. En outre, le ministre a annoncé sa décision avec beaucoup d’autorité, comme s’il était le seul à l’avoir prise. Il serait bien étrange, pourtant, qu’il n’en ait pas informé Nicolas Sarkozy au préalable et que la suspension des tests ADN ne correspond pas à un calcul politique très élaboré.
Toujours de gauche ?
M. Besson est cet ancien socialiste passé avec armes et bagages à l’ennemi, à la suite d’un différend avec Ségolène Royal, en pleine campagne de l’élection présidentielle de 2007. Nommé au gouvernement dans le cadre de l’ouverture, il s’est investi complètement dans l’action de la majorité et n’a pas hésité à accepter un ministère, celui de l’Immigration, naguère de l’Identité nationale, où ne sont élus en principe que les purs et durs de la lutte contre l’immigration clandestine. On l’a trouvé si zélé dans cette fonction qu’on a oublié d’où il venait. Là, avec la suppression provisoire des tests ADN pour les regroupements familiaux, il semble nous envoyer un message : « Je suis toujours de gauche ». D’autant qu’Éric Besson a été assez subtil dans sa façon de nous présenter sa démarche. Il ne se heurte pas seulement à une difficulté technique (le manque de personnels dans les consulats pour pratiquer ces tests) ; il craint que les tests ne soient réalisés dans des conditions dangereuses du point de vue éthique. Il nous dit donc qu’il signera le décret d’application uniquement quand il sera rassuré sur le traitement humain des personnes désirant immigrer en France dans le cadre du regroupement.
Pour remplir les conditions du ministre, il faudra beaucoup de temps et d’argent, de sorte que l’application du décret risque d’être différée de plusieurs années, si jamais elle voit le jour. Ce qui explique la joie bruyante des associations et l’approbation des grandes organisations de lutte contre l’intolérance. La LICRA juge même que M. Besson « a du courage », alors que, à notre avis, il n’en aurait que s’il avait fait un pied de nez à Nicolas Sarkozy, ce qui est bien peu probable. À première vue, l’action personnelle de M. Besson ne cadre pas avec l’élargissement à droite que le président de la République pratique en ce moment dans la perspective des régionales. Mais le battage des organisations de droits de l’homme a rendu la mesure extrêmement impopulaire. Au moins un membre du gouvernement, Fadela Amara, s’y est déclarée très hostile (et presque tous les autres ont exprimé des réserves). M. Sarkozy a donc pensé que ces tests ADN n’étaient pas une bonne idée, qu’ils menacent la cohésion gouvernementale, que, même si son intention première consistait à ancrer dans son camp la partie de son électorat qui vient du Front national, le projet est trop vitupéré pour être maintenu.
Presque personne n’en veut.
Cette affaire rappelle celle du CPE (Contrats première embauche), que Dominique de Villepin, alors chef du gouvernement, avait maintenu contre vents et marées et qui fut adopté par le Parlement. Jacques Chirac, exaspéré par son Premier ministre, annonça alors que la loi était adoptée mais ne serait pas appliquée, ce qui a été l’un des moments les plus surréalistes de son second mandat. Dans le cas des tests ADN, la situation est comparable : on adopte une loi que l’on déclare inapplicable. On ne se soucie guère, en l’occurrence, du travail parlementaire, ni de l’avis du Conseil constitutionnel qui entérina le projet de loi sur le CPE, mais avec des réserves. En réalité, le législateur de la majorité obéit, en grognant, aux exigences de l’exécutif, lequel change d’avis et tient davantage de la grogne que des votes. Drôle de démocratie qui voyage au gré du vent, ou plutôt de la clameur qui monte de la foule. Les tests sont inapplicables parce qu’il faut convaincre la mère de les autoriser et nommer un juge pour les avaliser. On a tout fait pour qu’ils soient impraticables. Parce que, en chemin, on s’est aperçu que presque personne n’en voulait.
BESSON, SUBTILEMENT, S’EST ABRITÉ DERRIÈRE L’ÉTHIQUE POUR REFUSER DE SIGNER
Le ministre de
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