Après l’arrestation, vendredi dernier, de neuf cardiologues accusés d’avoir implanté des appareils défectueux sur des patients, la communauté scientifique italienne est sous le choc. Durant le week-end, le ministre de la Santé, Renato Balduzzi, est intervenu sur la question en parlant de « phénomène grave mais marginal ». Une estimation contestée par les associations de consommateurs qui brandissent les comptes-rendus des multiples scandales qui ont entaché la Santé durant les deux dernières années.
L’enquête, intitulée « blouses sales » par le parquet de Modène en charge du dossier, a levé le voile sur une organisation aux rouages bien huilés dirigée par Giuseppe Sangiorgio. Considéré comme le cerveau de la bande, ce cardiologue spécialisé en hémodynamique avait été relevé de ses fonctions l’an dernier par le centre d’hospitalisation qui lui reprochait des pratiques peu orthodoxes. Contrairement à ses collègues qui ont obtenu les arrêts domiciliaires, ce spécialiste a été placé sous les verrous.
De multiples complicités
Salariés par la polyclinique de Modène, l’hôpital le plus réputé de la ville, les neuf cardiologues sont accusés d’avoir implanté des appareils souvent défectueux sur des malades et fraudé la sécurité sociale. Mais selon les enquêteurs, ils n’auraient pas agi seuls. De fait, 70 personnes et 12 sociétés, dont la moitié implantées à l’étranger et spécialisées dans la fourniture d’appareils médicaux, sont impliquées dans ce scandale. À titre préventif, les sociétés viennent d’être interdites de participation aux appels d’offres organisés par l’administration publique italienne.
L’enquête a démarré en janvier 2011, suite à plusieurs plaintes déposées par l’association de consommateurs, « Amici del Cuore », amis du cœur. Des plaintes faisant état de pratiques médicales inusuelles, de dossiers cliniques manipulés ou carrément portés disparus. Et aussi de décès « étranges » notamment dans le cas de quatre patients.
Recherches frauduleuses et pots-de-vin
Les enquêteurs se concentrent actuellement sur un volet concernant des expérimentations non autorisées effectués avec des appareils sanitaires également non autorisés. Des tests dont les résultats étaient communiqués aux sociétés privées qui leur versaient en échange de copieux pots-de-vin. Les médecins qui publiaient ponctuellement les résultats de leurs recherches dans des revues médicales touchaient aussi des compensations économiques.
Pour l’heure, l’enquête suit son cours avec, notamment, la publication des comptes-rendus savoureux et sordides de quelques écoutes téléphoniques. « J’ai mis au point un système sans faille. Je prélève discrètement de l’urine sur des patients déjà équipés d’un cathéter. Ni vu, ni connu et en attendant, je me fais un paquet de fric en publiant mes recherches ! », se vantait, en mars dernier, le cardiologue Vincenzo Luigi Politi placé sous écoute téléphonique. « J’ai empoché cinquante mille euros sans trop me fatiguer et en faisant des fausses factures à l’ONG », affirmait, pour sa part, Alessandro Aprile, cardiologue dans le laboratoire d’hémodynamique de Modène.
L’ordre des médecins de la région de l’Emilie-Romagne a déjà laissé entendre que les neuf spécialistes pourraient être radiés à vie. Mais ce nouveau scandale qui frappe de plein fouet la Santé publique, déjà ébranlée par de multiples affaires de pots-de-vin, pourrait donner lieu à de nouvelles inspections au niveau national.
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