CONTRAIREMENT aux quatre dernières années, la grippe pandémique n’est plus la priorité numéro 1 de la grand-messe de la santé mondiale. La lutte contre les maladies non transmissibles, en pleine explosion, la charge mondiale des troubles mentaux et la nutrition des enfants et des mères seront au cœur des débats, qui devraient, pour chacune de ces priorités, aboutir à des actions multisectorielles. La réforme de l’Institution est aussi inscrite à l’ordre du jour, réforme qui sera menée sous la baguette du Dr Margaret Chan, désignée par le conseil exécutif pour un second mandat de directeur général à compter du 1er juillet 2012, seule candidate à sa succession. Panorama des enjeux.
Maladies non transmissibles : en faire la priorité n°1 des gouvernements.
Première cause de décès dans le monde, les maladies non-transmissibles se sont hissées « en tête de la liste des priorités en matière de développement », selon le vœu formulé par Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU. Selon le dernier rapport de l’OMS publié en septembre dernier, elles sont plus mortelles que les maladies infectieuses. En 2008, elles ont été responsables de 63 % (soit 36 millions) des 57 millions de décès dans le monde et pourraient tuer 44 millions de personnes d’ici 2020.
L’AMS devrait décider de poursuivre les objectifs de la stratégie fixée en 2008 tout en insistant sur la nécessité d’une action multisectorielle, avec l’intégration de la santé « dans toutes les politiques et dans l’ensemble des approches gouvernementales », précise le conseil exécutif. Concrètement, les gouvernements devraient établir des plans nationaux de lutte contre les maladies non-transmissibles, avec un volet prévention. L’OMS encourage en outre les interventions sur les facteurs de risque comportementaux, comme le tabac, qui tue chaque année 6 millions de personnes, le manque d’activité physique (3,2 millions), l’alcool (2,3 millions), un régime alimentaire pauvre en fruits et légumes (1,7 million).
Troubles mentaux : vers une réponse globale du secteur de la santé.
Les troubles mentaux représentent 13 % de la charge de morbidité mondiale totale, les troubles dépressifs à eux seuls se situant à la 3e place parmi les causes de morbidité (4,3 %). « D’ici 2030, la dépression viendra en tête des causes de morbidité dans le monde », alerte dans ses documents préparatoires l’OMS.
Les politiques nationales, très variables d’un pays à un autre (36 % de la population des pays à faible revenu sont couverts, contre 92 % dans les pays à revenu élevé), restent lacunaires. Environ « 67 % des ressources financières allouées à la santé mentale dans le monde vont encore aux hôpitaux psychiatriques malgré les médiocres résultats en matière de santé et les violations des droits de l’homme auxquelles ils sont associés », écrit l’OMS.
Et de préconiser l’amélioration de la qualité des soins en ajoutant la santé mentale aux politiques de santé plus larges, concernant les soins primaires, les maladies non transmissibles, la santé maternelle, le VIH/SIDA...
Nutrition de la mère et l’enfant : vers l’adoption d’un plan.
Le projet de plan d’application exhaustif concernant la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant est finalisé après consultation, en février dernier, des pays membres. L’enjeu, là encore, est multidimensionnel, et l’OMS recommande d’intégrer la nutrition dans les programmes de santé, d’agriculture, d’éducation, d’emploi, de protection sociale et de développement.
Selon l’OMS, 115 millions d’enfants en 2010 présentaient un déficit pondéral et 47,4 % des moins de 7 ans souffrent d’anémie. La malnutrition est la cause sous-jacente de 35 % de l’ensemble des décès d’enfants de moins de 5 ans.
Le plan d’application que devra adopter l’AMS devrait s’étendre sur 13 ans (2012-2025) et englober plusieurs cibles chiffrées : réduction de 40 % du nombre d’enfants de moins de 5 ans présentant un retard de croissance, réduction de 50 % de l’anémie chez les femmes en âge de procréer, et augmentation des taux d’allaitement exclusivement au sein les 6 premiers mois à 50 % (contre 37 % aujourd’hui).
Objectifs du millénaire : au-delà de 2015.
Plus d’une décennie après l’adoption des 8 objectifs du millénaire pour le développement, l’OMS reconnaît d’importants progrès en matière de réduction de la mortalité de l’enfant et de la mère, d’amélioration de la nutrition et de réduction de la morbidité et de la mortalité dues à l’infection par le VIH, à la tuberculose et au paludisme, malgré des inégalités persistantes selon les régions.
Cependant l’objectif de réduction de 2/3 (par rapport à 1990) de la mortalité des moins de 5 ans ne devrait pas être atteint en 2015 dans la région Africaine. La diminution des décès maternels, qui devrait être de tris quarts en 2015, est aussi très insuffisante. Et la tuberculose multirésistante continue de poser problème. Enfin, si la plupart des pays ont dressé une liste des médicaments essentiels, nombreuses sont les régions où ils ne sont pas distribués. Au-delà de ce constat, l’AMS devra fixer de nouveaux défis pour l’après 2015, dépassant le cadre sanitaire : urbanisation, vieillissement, migrations, climat...
Réforme de l’OMS.
L’AMS devrait examiner d’autres questions sanitaires comme les mariages précoces, les déterminants sociaux de la santé, l’éradication de la poliomyélite, la vaccination, et la recherche et le développement, pour laquelle devrait être valorisé un meilleur dialogue avec les pays pauvres. Mais l’AMS devrait aussi être l’occasion de poursuivre la démarche de transparence et d’amélioration de l’efficacité de l’Institution initiée l’année dernière. La proposition de créer un bureau de l’éthique, regroupant plusieurs fonctions actuellement dispersées au sein de l’organisation, sera suggérée au Dr Margaret Chan. La première mesure forte de son deuxième mandat ?
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