Au début de sa soudaine et incompréhensible campagne politique, M. Macron semblait agir avec prudence. Il avait informé le chef de l'État et le Premier ministre de la création de son mouvement « En marche » et le couple exécutif, sans vraiment exprimer son enthousiasme, lui avait donné son aval. Les sondages, implacables, montrent que la popularité de M. Macron ne cesse d'augmenter tandis que sombre celle de François Hollande et de Manuel Valls. Les conseillers de l'Élysée ne le cachent pas : M. Macron agace prodigieusement le président.
Première question : le jeune ministre a-t-il des comptes à régler avec ses supérieurs ? Par prudence, il ne lui ont pas confié la loi travail, ce qui ne l'a empêchée de se briser sur les rochers de l'idéologie socialiste et syndicale. Mais, de toute façon, ce social-libéral ultra-pragmatique qu'est M. Macron ne risquait pas de se rallier à une réforme du travail qui ne réforme plus rien. Peut-être a-t-il pensé que, pour que les initiatives du gouvernement soient si mal accueillies par le peuple, il y avait un défaut de communication. Il aurait donc décidé de prendre en main la défense de ses propres idées.
Ce qui est inquiétant pour MM. Hollande et Valls, c'est que ce qui apparaissait comme une provocation destinée à secouer les conformismes, se transforme en campagne grâce à la répétition insolente de ses convictions à laquelle se livre Macron. D'autant qu'il n'a pas hésité à paraître dans « Paris-Match » en compagnie de son épouse et qu'il réitère sans cesse dans des interviews diffusées quotidiennement les principes libéraux qui le guident, au grand dam des caciques socialistes. Ils sont tous là à lui rappeler vertueusement qu'il doit rentrer dans le rang, travailler en silence, obéir à ses patrons, mais lui n'en a cure. Son travail, pense-t-il, c'est de montrer aux Français que l'absence de réformes tuera le pays et qu'il faut qu'ils comprennent pourquoi les mesures qu'il préconise sont indispensables.
Une alternative politique.
Ce qui le conduit, bien sûr, à aller bien au-delà de ce que le président souhaite faire d'ici à la fin de son mandat. M. Macron n'a pas hésité à préconiser la suppression de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui figure au programme de l'opposition, au profit d'une aggravation de l'impôt sur les successions. Il sait parfaitement que, en l'état actuel du président et du gouvernement, l'application de cette idée est impossible. Il était à Varsovie l'autre jour et là, il s'est fâché tout net en s'indignant de ce qu'il serait utilisé « pour affaiblir le président de la République ». Naïveté ou mauvaise foi ? Comment peut-il croire un seul instant que, en jetant en pâture des propositions pour le moment inapplicables, il n'a pas l'air de vouloir prendre la place du calife pour que, enfin, des réformes fondamentales soient instaurées en France ?
Emmanuel Macron progresse sur une corde raide. Ce que tout le monde voit, c'est qu'il peut chuter à chaque instant. Il croit qu'il peut associer sa position, extrêmement utile pour diffuser ses principes, à une contestation interne et permanente de l'action de l'exécutif. Sans doute pense-t-il qu'il sera gagnant quoi qu'il arrive. Soit le président, las et découragé, le laisse là où il est parce qu'il n'a pas envie de proncéder à un remaniement ministériel, soit il est viré et il il reprend alors toute sa liberté, ce qui lui permet de faire tout ce qu'il veut, y compris, peut-être, annoncer sa candidature à l'élection présidentielle de 2017 en tant que représentant du mouvement qu'il vient de créer et qu'il peut transformer en parti politique. Le chef de l'État redoute ce scénario et c'est pourquoi il n'a pas tranché dans le vif. C'est un bras-de-fer qui contient tous les ingrédients classiques des relations politiques, cynisme, ambition démesurée, trahison, à quoi le jeune Macron au regard franc et clair répond par le déni de l'enfant qui ne reconnaît pas qu'il a trempé ses doigts dans le pot de confiture.
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