• Dr Martial Olivier-Khret, (MG-France), président de l’Union nationale des médecins libéraux (UNML) :
« Les départements ont été découpés à la Révolution pour que chaque citoyen soit à une journée de cheval du chef-lieu. Cela avait du sens à l’époque mais il faut avancer. Le millefeuille administratif fait qu’il y a aujourd’hui confusion des missions et difficulté à mener des politiques. Dans beaucoup de secteurs d’activité, en Franche-Comté et en Bourgogne par exemple, il y a des directions interrégionales et des regroupements d’activité. Les choses bougent. Le politique doit décider : faut-il garder 36 000 communes, autant que dans l’ensemble des autres pays de la communauté européenne ? Il y a une organisation administrative dont on sait qu’il faudra qu’elle bouge pour avoir des échelons pertinents et pouvoir mener des politiques. Avec des régions moins nombreuses, on sera plus pertinent. Cela obligera à faire plus de concertation, à avoir des échelons décentralisés pour être opérationnels. Il faudra du temps pour mettre en place les agences régionales de santé (ARS), au moins un an et demi, deux ans. Est-ce qu’il faudra par la suite encore restructurer d’une région à l’autre ? Si c’est le cas, autant le faire tout de suite. Car sinon, qui voudra être directeur d’ARS de Franche-Comté, si cette région est amenée à fusionner avec la Bourgogne ? »
• Dr Philippe Boutin, (CSMF), président de la Conférence nationale des présidents d’URML et de l’URML Poitou-Charentes :
« On ne peut pas être opposé à la simplification départementale et régionale mais attention à ce que les éventuels rapprochements soient cohérents, plus que certains qui ont été annoncés. Le rattachement des Charentes à l’Aquitaine ne me semblerait pas pertinent, par exemple. Lors de cette restructuration, il faudra faire attention à ce que la carte des CHU respecte notamment les investissements importants qui ont été réalisés ces dernières années dans certains d’entre eux comme à Poitiers, Nantes et Tours, par exemple. Concernant la disparition éventuelle de la région Poitou-Charentes, je n’ai pas d’esprit de clocher. On ne va pas supprimer les médecins de Poitou-Charentes. L’URML serait rattachée à d’autres Unions et il y aurait d’autres élections. Mais je serais étonné que le projet demeure en l’état ».
• Dr Philippe Descombes, (CSMF), président de l’URML de Picardie :
« Ce projet déclenche une levée de boucliers dans la région et cela, toutes tendances politiques confondues. Et il rencontre une opposition farouche et active des élus de l’URML car le comité Balladur remet en cause le principe même de l’URML de Picardie. Ce sera à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale du 14 mars. Les conséquences de cette restructuration seraient catastrophiques car elle remettrait en cause toutes les actions que nous avons entreprises, certaines conjointement avec le conseil régional et l’URCAM notamment comme le séminaire de carrières pour les internes de Picardie internes de 2e et 3e année. L’URML coordonne également certains dépistages. Je ne veux pas, en tant que médecin et en tant que citoyen de la Somme, être rattaché au Nord-Pas-de-Calais ».
• Dr Georges Granet, président du Conseil régional Rhône-Alpes de l’Ordre des médecins
« Les instances régionales de l’Ordre des médecins n’ont que deux ans d’existence dans leur forme actuelle, si bien que nous n’avons guère eu le temps de réfléchir à cette éventuelle réorganisation. Mais comme le projet d’Edourd Balladur prévoit une fusion des conseils régionaux Rhône-Alpes et Auvergne, je peux vous dire qu’au niveau médical, des rapprochements existent déjà entre nos conseils régionaux de l’Ordre dans ces deux régions, à travers l’espace éthique régional, une structure rhône-alpine que nous avons créée. De plus, pour tout ce qui touche aux risques NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique) dans le cadre notamment des plancs blancs régionaux, nous faisons partie d’une région commune de défense qui couvre déjà les périmètres de Rhône-Alpes et d’Auvergne.
Pour ce qui est de notre mission disciplinaire, ce serait compliqué à mettre en uvre car cela créerait un problème de distance tant pour les plaignants que pour les magistrats. Notre section disciplinaire est installée à Lyon, et il faudrait en prévoir d’autres basées ailleurs, vu la taille de cette éventuelle hyper-région Rhône-Alpes-Auvergne. De plus, un seul magistrat (comme c’est le cas actuellement) ne pourrait sûrement pas venir à bout de toutes les affaires qu’il a à traiter. Tout cela amènerait à créer de nouveaux tribunaux disciplinaires, à un moment où la nouvelle carte judiciaire a plutôt tendance à en supprimer ».
• Michel Régereau, président de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM)
« Si le projet de M.Balladur voit le jour, ce ne sera avant quatre ou cinq ans , et d’ici là, les URCAM, tout comme les DDASS, les DRASS et les ARH, auront été dissoutes dans les agences régionales de santé (ARS), si la loi Bachelot est votée. La logique du groupe de travail d’Edouard Balladur, c’est d’avoir des régions moins nombreuses, et plus fortes en nombre d’habitants, en surface comme en compétences. Si c’est cette logique qui l’emporte, les ARS devront suivre les futurs découpages géographiques induits par cette réforme. Mais c’est la territorialisation de la santé autour de bassins de santé qui constitue la logique de ces ARS. Que ces bassins de santé fassent partie d’une ARS disposant de tel ou tel contour géographique ne changera pas grand-chose à mes yeux. Le véritable problème n’est donc pas celui d’un éventuel redécoupage géographique de telle ou telle ARS en fonction des nouveaux contours des régions qui les abritent, mais celui de la mise en place de ces ARS, ce qui à mon avis ne sera pas une mince affaire».
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