Attention aux denrées qui proviennent des circuits informels - autoproduction, dons, ventes sur les bords de route ou les étals, afin de n'être pas sur-exposé à la chlordécone dans les Antilles, met en garde l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'alimentation et du travail (ANSES), à la lumière des résultats de l'étude « Kannari », mise en place en 2011.
Interdit depuis 1993, le pesticide a longtemps été utilisé dans les bananeraies de la Martinique et de la Guadeloupe pour lutter contre les charançons. Très persistante et bioaccumulable, la chlordécone est encore présent dans les sols et peut se retrouver dans certaines denrées d’origine végétale ou animale, et dans les eaux, rappelle l'ANSES. « L’exposition alimentaire à la chlordécone dans les Antilles constitue un enjeu fort de santé publique », lit-on.
Dans le prolongement de précédentes études, Kannari a permis de caractériser l’exposition à la chlordécone de la population générale et de différentes sous-populations des Antilles préalablement identifiées comme étant potentiellement surexposées. Quelque 849 adultes et 257 enfants guadeloupéens (de 3 à 15 ans), 876 adultes et 226 enfants martiniquais ont participé à l’enquête.
Pas de risques pour les enfants des zones non contaminés
L'étude confirme une exposition supérieure à la chlordécone dans le cadre d'un approvisionnement par des circuits informels, par rapport à celle apportée par les modes d’approvisionnement en circuits contrôlés (grandes et moyennes surfaces, marchés, épiceries). L'ANSES identifie plusieurs situations à risque de sur-exposition : l’autoconsommation (issue d’une production domestique) d’œufs et de volaille produits en zone contaminée, du fait de leurs forts niveaux de contamination, une consommation supérieure à quatre fois par semaine de produits de la mer pêchés ou collectés par les particuliers ou issus des circuits informels, la consommation de produits d’eau douce pêchés ou collectés par les particuliers ou issus du don, et une consommation supérieure à deux fois par semaine de racines et tubercules produits en zone contaminée.
Seuls les enfants résidant en zone non contaminée en Guadeloupe ne présentent pas de dépassements de la valeur toxicologique de référence (VTR) établie sur la base de risque chronique de 0,5 μg/kg pc/j, souligne l'ANSES. Dans toutes les autres situations, des dépassements de la VTR sont observés, sans pouvoir toujours les quantifier.
Prévenir, plutôt que jouer sur les normes
L'ANSES rappelle qu'une consommation supérieure aux recommandations, de denrées produites en zone contaminée peut entraîner des expositions supérieures à la valeur toxicologique de référence chronique. En outre, l’Agence préconise d’étendre ces recommandations de consommation à d’autres denrées issues de circuits informels non contrôlés telles que les œufs.
L'ANSES s'est aussi penché sur l'intérêt de réduire les limites maximales de résidus en vigueur, et estime qu'il est inutile de les baisser car elles semblent suffisamment protectrices. En effet, les individus s’approvisionnant majoritairement en circuits contrôlés ne présentent pas de dépassement de la valeur toxicologique de référence, note l'agence. Pour les populations surexposées, l’Agence considère donc plus pertinent d’agir par des recommandations de consommation plutôt que par un abaissement des LMR.
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