« L'idée que des actions de prévention peuvent avoir des effets bénéfiques au grand âge n'a pas suffisamment pénétré le milieu des décideurs dans le domaine de la santé publique, ainsi que chez les professionnels de santé », souligne un article sur la prévention des chutes des sujets de plus de 75 ans vivant à domicile dans un « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) dédié au vieillissement.
Des programmes d'exercices physiques, en particulier centrés sur le travail de l'équilibre et le renforcement musculaire, se sont avérés pourtant efficaces pour réduire le risque de chutes chez le sujet âgé, insistent Patricia Dargent-Molina, épidémiologiste à l'INSERM, et le Pr Bernard Cassou, gérontologue et chercheur (AP-HP/INSERM), en citant en exemple les résultats récents de l'essai randomisé français « Ossébo ».
Un passage à l'action trop lent
Les auteurs déplorent que « la mise en place de ces actions, individuellement ou en population est lente ». Il y a pourtant urgence à « aller vers davantage de prévention », souligne dans un éditorial Claudine Berr, directrice de recherche INSERM à Montpellier, car « nous allons, avec l'arrivée "sur le marché" du vieillissement des baby-boomers, voir augmenter quasi exponentiellement le nombre de sujets très âgés, dépassant les 90 ans. Cette explosion démographique implique des adaptations rapides de notre système de santé, un réel effort porté par nos politiques ».
Pour le dépistage, il existe des outils simples à disposition du médecin généraliste qui « joue un rôle central pour repérer les personnes âgées à risque de chutes et conseiller ses patients en fonction de leur profil » : la recherche d'un antécédent de chute, et plusieurs tests physiques (test d'équilibre monopodal, test "Timed Up and Go", mesure du temps de marche sur 6 mètres, capacité à faire 4 pas consécutifs le long d'une ligne).
Une recherche nécessaire et prioritaire
Beaucoup de questions n'ont pas de réponses claires pour la mise en œuvre pratique, estiment les spécialistes : quels outils de dépistage choisir ? faut-il privilégier des actions multifactorielles ou monofactorielles ? comment coordonner l'action de différents intervenants dans différents contextes ? quels sont les freins à une adoption large par les professionnels de santé ?
Si l'article est un appel clair et fort à développer la recherche dans ce domaine et malgré l'affirmation « qu'il n'y a pas de réponse toute faite, pas de programme standardisé de prévention », les auteurs ont une vision assez nette de la direction vers laquelle aller en tenant compte du fait que « l'évaluation complète de toutes les personnes à risque suivi d'une intervention ciblée (...) risque de dépasser largement les capacités de prise en charge du système de soins ».
Mais une direction stratégique claire
L'idée des spécialistes repose sur la nécessité de mener de front des approches complémentaires, « une approche basée sur une évaluation individuelle, qui s'adresse en premier lieu aux personnes âgées à haut risque et qui implique de multiples intervenants du domaine médical, et une approche communautaire qui s'adresse plus largement à la population à risque ».
Dans un autre article du « BEH », des chercheurs de Santé publique France espèrent combler les lacunes du système de surveillance actuel, notamment avec l'enquête ChuPADom, qui devrait permettre d'établir des profils de chuteurs de 65 ans et plus selon leurs caractéristiques sociodémographiques et économiques, la présence de maladies chroniques et/ou de polypathologies, leur santé mentale, une (poly) médication, l'autonomie avant la chute, l'aide à domicile, les facteurs de risque extrinsèques (habitat, produits impliqués dans la chute, activité au moment de la chute, etc.), les séquelles physiques et psychologiques, ainsi que leur qualité de vie un an après la chute.
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