« Le gouvernement se trompe de réforme. La stratégie nationale de santé est une occasion franchement ratée ». Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), a attaqué fort la journée de rentrée des cliniques, la semaine dernière, à Paris.
Conviés au débat, quatre syndicats de médecins libéraux ont exprimé leur exaspération. Rien ne leur convient : le « simulacre » de négociation, le retour des testings, la prise en main totale des ARS, le « mépris » vis-à-vis de l’exercice libéral, et, cerise sur le gâteau, l’interdiction des dépassements d’honoraires pour participer au service public hospitalier. Il n’en fallait pas plus pour que germe l’idée d’un front commun entre cliniques et médecins.
« On est au dos au mur, j’espère que l’on va faire l’unité cette fois », clame le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF. Lamine Gharbi n’exclut pas un mouvement dur des cliniques au printemps prochain : « J’ai l’impression que c’est la Fédération hospitalière de France qui a écrit la loi », bouillonne-t-il.
La FHP promet 14 milliards d’euros d’économie sur cinq ans en mettant l’hôpital public au pas (via, entre autres, la suppression du tarif journalier de prestation, et la baisse de l’ONDAM hospitalier public). Il ne s’agit pas d’une provocation, mais de mettre fin au traitement discriminant à l’égard du privé, martèle Lamine Gharbi.
Les syndicats libéraux adhèrent. « Il y a 2 milliards d’euros d’économies à faire [sur le médicament], et tout de suite », assène le Dr Hamon. « On est prêt à s’engager sur le reste à charge zéro », avance le Dr Philippe Cuq, président du Bloc. « Tant que le tarif de base du généraliste sera à 23 euros, ça n’ira pas. C’est une question de dignité », clame pour sa part le Dr Roger Rua, président du SML. « Il faut déshospitaliser ce pays », réclame quant à lui le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CMSF.
Bijou de technocratie
Le patron de la Confédération avait déjà élevé le ton contre ce projet de loi en qualifiant le service territorial de santé au public (STSP) de « bijou de technocratie », susceptible de signer le « démantèlement » de la convention nationale au profit de conventions régionales « voire individuelles ». Le Dr Ortiz craint que les candidats à l’installation ne puissent dorénavant plus visser leur plaque que là où l’ARS l’aura décidé. Il réaffirme son opposition au tiers payant généralisé, qui induirait des coûts de gestion conséquents pour les médecins, et pointe du doigt les transferts de tâches médicales. « La CSMF s’opposera à ce que des non-médecins puissent établir des diagnostics », prévient le Dr Ortiz.
La création d’un nouveau service public hospitalier (SPH) est également perçue comme une menace pour les cliniques et les médecins libéraux y exerçant. Le Dr Ortiz redoute que dans ce cadre, les compléments d’honoraires soient interdits aux praticiens et que la permanence des soins devienne obligatoire « pour espérer obtenir des autorisations de matériel lourd ». « Cette loi est un danger majeur comme l’ont été les ordonnances Juppé ou la loi HPST », conclut le président de la CSMF.
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