Bien alignés sur 3 rangs, les jeunes pompiers du Val-de-Marne sont sur le pied de guerre dès 8h30 du matin prêt à participer à l'exercice de terrain organisé sur les bords de l’étang du parc départemental de la Plage Bleue ce samedi 12 mars. Ces adolescents de 14 ans d'habitude plus habitués à s'entraîner tous les samedis à la caserne, doivent jouer le rôle de retraités évacués d'une maison de retraite cernée par les eaux et privée d’électricité depuis 24 heures.
Des petits vieux de 15 ans
Chacun s'est vu remettre un papier définissant son état : 94 ans, désorienté, une plaie à l'épaule gauche et en hypothermie. « Tu ne fais pas ton âge » plaisantent les secouristes de la protection civile. Le choix de la maison de retraite n'a pas été fait au hasard. « Le Val-de-Marne compte un grand nombre d'établissements de santé qui pourraient être amenés à être évacués lors d'une crue, explique le commandant Gauthier Delaforge (BSPP) qui dirige l'exercice. Dans un premier temps, les « retraités » sont secourus depuis des îlots en bateaux (embarcation de secours et d'assistance aux victimes et canots de sauvetage légers) vers une plage qui tient lieu de point de rassemblement des victimes (PRV).
Un responsable de la protection civile assume la tâche délicate d'organiser la noria de véhicules entre le PRV et le poste médical avancé (PMA) : les urgences absolues en priorité dans les véhicules de secours et d'assistance aux victimes (VSAV), les urgences relatives dans des transports moins médicalisés. Les 5 véhicules présents sont fournis par les associatifs : protection civile, croix rouges et ordre de Malte ainsi que les secouristes français croix blanche.
Une des particularités des interventions en cas de crue : il faut être autonome en termes de fourniture électricité et d'eau. Lors d'un exercice sur table mené en 2015, la Croix Rouge du Val-de-Marne a ainsi découvert que son centre opérationnel de Limeil-Brévannes risquait d'être privé de courant. Des groupes électrogènes mobiles, ainsi qu'une station d'épuration d'eau, sont donc mis en place.
Premiers arrêts cardiorespiratoires
Les participants ne connaissent pas les détails du scénario qui leur réserve quelques surprises. Ils doivent donc vite s'adapter lorsque les plongeurs de la Guardia Civil espagnole sortent des eaux 3 mannequins en arrêt cardiorespiratoire. Une tentative de réanimation cardio-pulmonaire s'enclenche sur la plage et se poursuit sur le brancard et dans le VSAV qui achemine cette victime prioritaire vers un service d'urgence sans passage par le PMA.
En dehors de ces cas extrêmes, les victimes passent toutes par le PMA, une structure gonflable aménagée en quelques minutes par la croix rouge. « Contrairement à un événement à cinétique rapide comme les attentats du 13 novembre dernier, nous avons le temps de mettre en place un PMA », explique Guillaume Saintyves, directeur départemental de la Croix Rouge Val-de-Marne et directeur des opérations des secours. Dans le PMA, les patients sont enregistrés et triés. « Les UA à droites, les UR à gauche, crie le médecin du SDIS, crie le médecin colonel François Porée des sapeurs pompiers du Val-D'oise. On a beaucoup d'hypothermies, dès qu'ils sont réchauffés, vous les envoyez. »
Le médecin répartiteur du SAMU prend alors connaissance des dossiers, et contacte par radio les véhicules disponibles et les services d'urgences susceptibles de recevoir ces patients. En l’occurrence, ce sont les hôpitaux Henry Mondor, et les centres hospitaliers intercommunaux de Villeneuve Saint-Georges et de Créteil qui sont mis à contribution.
Gérer l'imprévu
L'ensemble des retraités prisonniers sur les îlots ayant été sauvés, place à la phase la plus spectaculaire de l'exercice : le sauvetage par canot et hélitreuillage de victimes piégées sur des toits de bâtiments représenté par des pontons flottants. Les organisateurs de l'exercice ont même prévu d'autres surprises : une dizaine de « victimes », en réalité des plongeurs aguerris, paniquent et se jettent à l'eau pour nager frénétiquement vers une embarcation de secours. Un stress de plus à gérer pour les secouristes. L'hélitreuillage est assuré par un super-puma allant et venant entre les groupes de victimes et une drop zone installée au plus près de l’événement.
« Nous n'héliportons pas les victimes jusqu'aux centres hospitaliers. Notre priorité est d'en sortir un maximum de l'eau, le plus vite possible », explique le Commandant Le Cœur, de la BSPP. Les VSAV prennent le relais et conduisent les victimes aux PMA où elles suivront le même parcours que les retraités récupérés sur les îlots. Au total, 400 personnes ont participé à l'exercice, dont 100 jouant les victimes, dont 3 décès et une vingtaine d'urgences absolues. Si une grande crue devait survenir, un tel dispositif devrait être reproduit plusieurs dizaines de lieux en Île-de-France.
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