LA GRAVITÉ potentielle de certaines maladies à transmission vectorielle est bien connue. Et l’intérêt des mesures de protection contre les piqûres des arthropodes hématophages vecteurs d’agents infectieux aussi. Grâce au travail effectué par la SFV et la SFP, on dispose désormais de recommandations consensuelles et pratiques sur la protection personnelle antivectorielle (PPAV) qui est un des volets de la lutte antivectorielle. Elles s’adressent à plusieurs catégories de populations, à savoir les voyageurs, les résidants et les populations nomades qui traversent des zones à risque de transmission de maladies vectorielles des territoires français ultramarins, de certaines régions de métropole et de pays étrangers.
Répulsifs cutanés et moustiquaires/tissus imprégnés.
En ce qui concerne les répulsifs cutanés, les experts recommandent d’utiliser des substances actives dont l’innocuité et l’efficacité « font actuellement l’objet d’une évaluation dans le cadre de la réglementation européenne biocides » (DEET, picaridine, IR3535, citriodol). Ils réaffirment la nécessité de respecter les modalités d’utilisation préconisées. Contre les anophèles, ces produits ne sont efficaces qu’à certaines concentrations : 30-50 % pour le DEET, 20-35 % pour la picaridine et 20-30 % pour l’IR3535 et le citriodol. Dans ces conditions, ils protègent encore plus longtemps des piqûres des Aedes et des Culex. L’utilisation des huiles essentielles comme répulsif cutané ainsi que l’application simultanée d’un répulsif cutané et d’un produit antisolaire sont déconseillées. Le répulsif doit être appliqué 20 minutes après la protection antisolaire.
Les moustiquaires de lit imprégnées figurent en bonne place dans la prévention du paludisme. Leur utilisation est « la mesure de PPAV qui doit être privilégiée avant l’âge de la marche », disent les experts. Il faut préférer les moustiquaires imprégnées de façon industrielle à celles qui le sont de façon conventionnelle pour par l’utilisateur. Elles protègent également contre les arboviroses, la maladie de Chagas et les leishmanioses.
Le port de vêtements imprégnés de perméthrine – au mieux, ceux préimprégnés à la fabrication – est recommandé en particulier chez certaines populations (militaires, forestiers, chasseurs, pêcheurs), « mais aussi chez les voyageurs », en complément des répulsifs cutanés sur les parties découvertes et jamais en replacement des moustiquaires imprégnées lors du sommeil. Pour les sujets résidant dans les zones à risque, les experts préconisent la pose de rideaux imprégnés de pyréthynoïdes aux ouvertures ; là encore en complément des moustiquaires imprégnées. Les complexes touristiques sont également concernés par ces mesures. D’autres mesures que celles-ci sont conseillées aux personnes voyageant en conditions extrêmes ou séjournant dans des campements provisoires et aux populations nomades : bâches de polyéthylène imprégnées de deltaméthrine lors de leur fabrication ou tentes imprégnées de perméthrine pour les premières et draps, pièces de tissus ou couvertures imprégnées par la perméthrine pour les secondes.
Les mesures d’appoint.
Pour l’intérieur, les aérosols pour une utilisation ponctuelle, les insecticides à diffusion continue (plaquettes chauffantes ou liquide) peuvent être utilisés, mais uniquement comme méthode d’appoint. Quant aux serpents fumigènes, les experts notent qu’ils « doivent être réservés à un usage extérieur et de courte durée ». La climatisation et la ventilation ne peuvent pas être utilisées comme seuls moyens de PPAV. Les experts déconseillent « fortement » l’utilisation des bracelets anti-insectes pour se protéger des moustiques et des tiques, et celle de diverses autres méthodes supposées avoir un effet antivectoriel : les appareils sonores à ultrasons, la vitamine B1, l’homéopathie, les raquettes électriques, les rubans, papiers et autocollants gluants sans insecticide.
Femmes enceintes ou allaitantes et enfants.
Chez la femme enceinte, il faut privilégier les méthodes physiques. Outre l’utilisation de moustiquaires imprégnées, il est recommandé de limiter les périodes d’exposition aux vecteurs et, en cas de risque élevé de maladies grave à transmission vectorielle, d’utiliser des répulsifs cutanés « quel que soit le terme de la grossesse ». Les recommandations pour la femme qui allaite sont les mêmes que pour les autres adultes, avec une précaution : ne pas appliquer le répulsif sur les seins et se laver les seins avant d’allaiter le bébé.
Chez l’enfant, les répulsifs cutanés peuvent être utilisés dès l’âge de 6 mois « dans les zones à risque de maladie grave à transmission vectorielle », ajoutent les experts. Il n’y a pas de données disponibles sur la PPAV pour les autres terrains particuliers (personnes âgées et obèses).
*Publiées en septembre 2010, ces recommandations de bonne pratique ont reçu le label de la Haute Autorité de santé (HAS). http://www.medecine-voyages.fr
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