Le projet de centre de soins pour toxicomanes dans le 16e arrondissement de Paris, annoncé par la mairie mais rejetée par la droite locale, est en difficulté. Selon le ministère des Solidarités et de la Santé, questionné par l'AFP, le centre « ne peut être validé en l'état », faute notamment d'une « concertation suffisante ».
L'ouverture de ce centre aurait dû faire suite à un appel à projet lancé en janvier par l'ARS d'Île-de-France, portant sur la mise en place d'un site pour l'accueil de 35 lits médicalisés destinés à des toxicomanes sans domicile fixe.
Mi-mai, l'adjointe à la santé d'Anne Hidalgo, Anne Souyris, avait annoncé le choix de l'ancien hôpital Chardon-Lagache, proposé par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et précisé que le lieu recevrait des consommateurs de crack « stabilisés » et ayant « déjà effectué un parcours de soins ».
Reconnaissant « qu'il existe un besoin de santé pour ces populations », le ministère considère que « pour autant, en l'état, le projet ne peut être validé, au vu des inquiétudes qui s'expriment et en l'absence d'une concertation suffisante ».
Une affaire qui prend un tour politique
Le sujet a entre-temps pris un tour politique : début juin, l'opposant local Rudolph Granier (LR) avait accusé la majorité municipale de gauche de « gangrener le 16e » et de « poursuivre la diffusion du crack à Paris » - bien que le projet ne mentionne pas l'établissement d'un espace de consommation à moindre risque.
Dans le camp macroniste aussi, le candidat aux élections législatives Benjamin Haddad a récemment demandé à la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, de surseoir à ce projet pouvant selon lui « porter atteinte à la sérénité du quartier ».
À ce stade, « l'appel à projet est toujours en cours d'instruction », ajoute le ministère et « aucune décision définitive ne sera prise sans qu'une concertation avec les acteurs concernés, les élus et les habitants ne soit menée ».
Ce délai supplémentaire est dénoncé comme une « non-assistance à personne en danger » par Mme Souyris, car il est question « de gens très malades qui nécessitent d'être en situation médicalisée et on ne va pas le faire parce que c'est l'avant-veille des législatives ».
M. Haddad s'est de son côté félicité sur Facebook que le projet soit « bloqué », promettant à ses électeurs d'être « un élu qui (les) protégera (...) avec le gouvernement pour défendre nos valeurs ».
La présence dans l'espace public des consommateurs de crack - dérivé bon marché et très addictif de la cocaïne - est un sujet ultrasensible pour certains quartiers du nord-est parisien, confrontés aux nuisances, ainsi que pour la mairie et l'État, qui peinent à se mettre d'accord sur des sites pour résoudre cette problématique.
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