La recrudescence des cas de coqueluche dans le monde ne serait pas uniquement due à une baisse de la couverture vaccinale… Une équipe de chercheurs canadiens montre que l'immunité conférée par la vaccination diminue d'année en année, pour atteindre une protection « pauvre, voire nulle » sept ans après la dernière injection. Le détail de l'étude a été publié lundi 26 septembre dans le journal de la « Canadian Medical Association ».
Pour ces travaux, les auteurs ont comparé les données d’immunisation d’une population de 5 867 Canadiens, vaccinés contre la coqueluche entre 1992 et 2013, et ayant ultérieurement passé un test de coqueluche.
Une chute de la protection d'année en année
Au Canada, les autorités sanitaires recommandent une vaccination à 2, 4, 6 et 18 mois, puis de nouveau un rappel entre 4 et 6 ans, et entre 14 et 16 ans. En France, rappelons que deux injections sont recommandées chez le nourrisson : une à 2 mois, une à 4 mois, puis un rappel à 11 mois et à 6 ans. Un rappel est désormais également recommandé à l'âge de 11-13 ans et à 26-28 ans (stratégie du cocooning).
Dans cette étude, si les analyses révèlent une efficacité vaccinale de 84 % un à trois ans après la dernière injection, elle passe à 62 % quatre à sept ans après l'injection, et chute à 41 % huit ans plus tard.
Un risque d'infection 2 fois plus élevé avec le vaccin acellulaire
Les données vaccinales des participants remontant au début des années 1990, les auteurs ont pu comparer la protection conférée par le vaccin acellulaire à celle offerte par le vaccin dit « à germes entiers » – qui n'est désormais plus utilisé au Canada, ni en France.
Leurs résultats suggèrent que les participants primo-vaccinés à l’aide du vaccin acellulaire avaient 2,2 fois plus de risque de tomber malade que ceux vaccinés à l’aide de l’ancienne version du vaccin.
« Nous ne sommes pas les premiers à montrer une telle tendance. D’autres juridictions au Canada, les États Unis et l’Australie ont également rapporté une efficacité inférieure avec le vaccin acellulaire », soulignent les auteurs, qui concluent : « Nos résultats suggèrent la nécessité de repenser notre stratégie de vaccination (…) et de considérer la réintroduction du vaccin à germes entiers pour la primo-vaccination des nouveau-nés. »
L'importance des rappels
Pour le Pr Daniel Floret, pédiatre à l'université Claude-Bernard de Lyon et président du comité technique des vaccinations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), cette éventualité est peu probable.
« Si on a abandonné le vaccin à germes entiers pour le vaccin acellulaire, c’est pour des raisons de tolérance et je doute qu’un retour en arrière soit possible ou bien accepté, a-t-il confié au « Quotidien ». Si le vaccin à germes entiers est encore utilisé dans les pays du tiers-monde et certains pays émergents, l’industrie cherche plutôt à abandonner sa fabrication, pour que ces pays passent au vaccin acellulaire. »
Le praticien miserait plutôt sur une augmentation de la fréquence des rappels mais cette stratégie se heurte à l'absence de vaccin monovalent. « Il n’y a pas de vaccin non combiné contre la coqueluche. Et c’est un vrai problème », conclut-il.
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