Voilà qui ne va pas rassurer les médecins libéraux à quelques mois de la généralisation du tiers payant en ville. Dans une enquête rendue publique le 23 janvier*, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) révèle que cette pratique est très coûteuse pour la profession et encore plus chronophage qu’il y a dix ans.
Les coûts cachés de gestion du système de tiers payant avec l’assurance-maladie et les complémentaires s’élèvent de 13 246 à 28 601 euros par pharmacie et par an, selon les officines interrogées. Les frais de personnel constituent le poste le plus important, devant les impayés et les coûts informatiques, loin d’être compensés par les indemnités perçues par les pharmaciens.
Le temps moyen passé par l’équipe officinale pour gérer le tiers payant aurait même augmenté de 10 % en dix ans et représente désormais plus d’un mi-temps, assure le syndicat. « Aucune profession de santé ne peut supporter un tel niveau de dépenses supplémentaires et un risque financier », s’inquiète l’USPO dans un communiqué.
Gestion des droits et perte de temps
Pire, le système ne s’est pas amélioré au cours de la décennie : les officines constatent « une perte de temps face aux patients à cause de la complexité et des changements croissants des droits notamment de complémentaires santé et depuis l’arrivée de l’ACS [aide pour une complémentaire santé]».
Le temps consacré à la gestion des réclamations est lui aussi en augmentation. « Le paiement garanti, c’est de moins en moins automatique », ironise l’USPO. Les incidents de paiement se concentrent sur la part complémentaire (qui restera facultative pour les médecins), selon près de 86 % des pharmaciens consultés. En 2007, ils n’étaient que 80 % à faire ce constat…
La garantie de paiement sur les feuilles de soins électroniques (FSE) sécurisées est-elle mieux respectée depuis 10 ans ? Oui, répondent les officines... à 46 %. Mais elles sont 33 % à n’avoir constaté aucune amélioration, voire une dégradation dans ce domaine. Et 39 % des pharmaciens déclarent avoir été confrontés en 2016 à un non-respect de la garantie de paiement une ou plusieurs fois par semaine en moyenne.
Quant à la garantie de paiement des complémentaires (attestation papier), elle s’est plutôt dégradée depuis 10 ans, pour plus de 33 % des professionnels (contre 20 % qui estiment qu'elle s'est améliorée).
Le président de l’USPO, Gilles Bonnefond, exhorte l’assurance-maladie et les complémentaires santé à simplifier le tiers payant et à le rendre plus efficace. Ce ne sont pas les médecins qui le contrediront.
(*) Enquête menée en décembre 2016 auprès de 503 pharmaciens.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie